Malgré une affiche prometteuse, on se marre moins qu'on pourrait croire. Reste quelques scènes d'anthologie (comme en témoigne l'affiche) qui suscitent l'hilarité, et le vocabulaire fleuri des protagonistes n'est pas en reste pour égayer l'atmosphère. Parce que bon, l'histoire du jeune Gunther, c'est un peu Cosette chez les Flamands. On n'envie pas vraiment le quotidien de cette fratrie de quarantenaires hébergée chez la mère, où la bière coule à flots pour tenter de donner un peu de relief à un horizon bien sombre. On oscille entre l'allégresse foutraque d'un Kusturica et l'ambiance désabusée des "Démons de Jésus" auquel on pensera à plus d'un titre : serrage de coudes entre frangins, marginalité frondeuse, verbe haut et coupe mulet.
L'acteur qui incarne Gunther adulte a une gueule qui justifie le film à elle toute seule ; et le film s'achève sur la même ironie douce-amère qu'au début. L'amer, dis-tu, des choses?