Le Dark Universe vous ouvre ses portes

Vous connaissez tous la momie, Frankenstein ou bien encore l’homme invisible ? Vous savez ces vieux classiques de monstres sortis tous droit d’une série baptisée Universal Monsters, qui dans les années 20 et 30 a connu un succès fou? Et si je vous disais que les studios Universal avaient décidé de dépoussiérer tous ses films, les avaient remis au gout du jour et avaient créé un univers les rassemblant tous, un peu comme Dc comics et autres Marvel ? Amis des histoires sombres et effrayantes, bienvenus dans le Dark Universe. Poussez la porte et entrez…si vous l’osé !


Quand Universal offrait une seconde jeunesse à ses icones


On a tous connu La momie, remake de la version de 1932, réalisée par Stephen Sommers où Brandan Fraser et Arnold Vosloo se livraient un combat musclé et comique. Trois films, du grand spectacle, de l’humour, et de l’horreur, des effets spéciaux de qualité, un rythme bien dosé. Bon petit divertissement à voir et à revoir. Cette année, La momie fait son grand retour, et on l’attendait au tournant, tout comme les amateurs de monstres. Exit Brendan Fraser, bonjour Tom Cruise, et bonjour le reboot. La momie, c’est le premier film du Dark Universe, univers cinématographique marchant sur les plates bandes des Marvel et Dc Universe (ça marche au cinéma, pourquoi ne pas proposer d’autres univers ?).


La différence c’est qu’ici, pas de héros en collants, plutôt des monstres pas très commodes. Tout du moins, en apparence. En effet, Les monstres tout droit sortis d’Universal Monster proposaient des anti-héros, êtres torturés luttant contre eux-mêmes, combattant contre la bête sommeillant en eux. Contrairement à ce qu’ils laissaient penser, Dracula Untold (2014) ou bien Docteur Frankenstein (2015) ne font pas parti de cet univers. C’est avec La momie que le Dark Universe démarre.


Avec Tom Cruise en tête d’affiche et ses deux bandes annonces (pas très emballantes, montrant un Tom Cruise un peu creux), on se demandait si cette Momie n’aurait pas dû s’intituler « Ethan Hunt en Egypte ». Truffé de cascades et d’explosions, on ne pouvait s’empêcher de voir des similitudes avec la franchise Mission Impossible. Que ceux qui avaient cet apriori là soient rassurés : ce n’est PAS DU TOUT un Mission impossible sauce horrifique. Les bandes annonces étaient trompeuses, elles ne reflètent en aucun cas cette œuvre.


Ici, Tom Cruise, incarne tout l’inverse des personnages qu’il a interprété par le passé. Menteur, malhonnête, sournois, égoïste et voleur, Nick n’a pas vraiment les caractéristiques du héros. Eclaireur dans l’armée, aidé de son acolyte, il vole les antiquités pour les revendre aux plus offrants. Par accident le voila prit entre les filets d’une princesse Egyptienne qui a jeté son dévolu sur lui. Suite au crash de l’avion transportant le tombeau où elle reposait, Nick meurt, pour se réveiller plus tard dans une morgue. Comment a-t-il survécut ? Quelles sont ses étranges visions et absences dont il fait l’objet ? Pourquoi semble t-il connecté à la princesse Ahmanet semblant contrôler sa volonté ? Tout porte à croire que notre intrigue ne se terminera pas en happy end. Excellent développement du personnage amené à évoluer au fil de l’aventure, excellente prestation de Tom Cruise qui, pour une fois, ne nous fait pas son Tom Cruise (sa cool attitude n’a pas disparue pour autant). Et NON il ne va pas se transformer en super héros trop cool, trop bad ass et trop PARFAIT.



« Tu m’as libéré. Mon élu. »



Le passé ne peut pas rester enfoui à jamais


Hormis Tom Cruise, Annabelle Wallis, Sofia Boutella et Russel Crowe complètent le podium. Alors qu’Annabelle Wallis livre une interprétation simpliste mais haut combien attachante (alchimie intéressante entre elle et Cruise), que Sofia Boutella brille, charme et effraie de manière crédible en tant que momie, Russel Crowe, tout en élégance so British, tout en charisme, intrigue. Ce premier film est pour le moins dépaysant, nous faisant passer des décors chauds de l’Irak, à un Londres grisonnant. La momie n’oubliera rien des critères du film horrifique mettant en scène une personne momifiée revenant à la vie.


Tombeaux et trésors Egyptiens, tempêtes de sables laissant apparaitre le visage morbide de l’antagoniste, araignées, corbeaux « Hitchcockiens », rats et autres bestioles ragoutantes, squelettes, corps pourrissants et autres morts vivants désarticulés, lutte psychologique du monstre, rien n’est oublié. Certains diront que La momie penche vers un World War Z. Le film avec zombies mais qu’on ne montre pas dévorer de la chair parce que c’est un film tout public. Quel intérêt de sortir cette chose ? Je me pose toujours la question. Visiblement, Hollywood à apprit de cette erreur impardonnable. Pour La momie, la violence et l’horreur sont trois crans au dessus de World War Z. Et dire que ce film est tout public. Parents si vous avez des enfants de moins de 10 ans, ne leur montrez pas ce film.


Plans symboliques, répliques intéressantes, ce premier film du Dark Universe se rapproche de ce que l’on peut retrouver chez Dc Comics. De plus, tout comme Dc, le Dark Universe ne se repose pas sur de multiples scènes spectaculaires (bien que marquantes comme cette scène de crash d’avion tournée en gravité zéro, ou cette séquence voyant Tom Cruise tentant d’échapper sous l’eau à des morts vivants), il mise lui aussi sur la psychologie des personnages principaux et secondaires. Une bonne manière de faire taire ceux pour qui films à grand spectacle rime avec films pour les deux de QI.



« J’aime voir la douleur déformer le visage. »



On a déclenché la colère des dieux


Alors que les inconditionnels du Universal Monsters navigueront en terrain connu, les novices ou ceux connaissant les monstres uniquement de nom, ne seront pas mis de coté. Comme pour Marvel et Dc comics ou tout autre film adapté de roman, tout est raconté, expliqué, de sorte à ce que personne ne soit largué et quitte la salle en cours de route. Comme pour l’univers des super héros, on n’oublie pas non plus les easter eggs bien placés. Dans La momie, ces références aux prochains films et liées au Dark universe sont visibles pour n’importe quelle personne, même celles ne connaissant pas très bien l’Universal Monsters. Par ailleurs, les nostalgiques retrouveront certaines petites choses de La momie de 1932. Seulement, il y a plus de moyens, l’approche est plus moderne, le contexte plus actuel, et il est question d’origins story/préquelle avant d’aboutir à l’histoire de 1932. Nous comprendrons à travers cette histoire que ce monde est fait de dieux et de monstres. Rédemption, sacrifice, choix du bien ou du mal, La momie optera pour des thématiques assurément classiques mais ô combien plus profondes et développées. « Il faut parfois un monstre pour combattre un autre monstre », cette réplique résume bien ce qu’il faudra retenir d’important dans La momie.


Scènes de fusillades en plein désert, courses poursuite contre la mort, momie invincible entourée de sbires morts vivants à la mâchoire pendante, protagoniste bourrin tout en étant puéril, fan de la version de 99, j’ai retrouvé des petits résidus du film sauce Brendan Fraser. On pourrait citer comme autre exemple la princesse Ahmanet, qui, tout comme Imhotep dans La momie de 1999, doit tuer des hommes pour se régénérer, obtenir forme humaine et accumuler de puissants pouvoirs magiques. La différence entre les deux c’est qu’Ahmanet elle roule des galoches à ses victimes. « Le baiser qui tue ». Seulement, là où la version de 99 et celle de 2017 diverge, c’est bien du coté de l’ambiance et de l’esthétisme. En effet, la version de 2017 est plus adulte, plus sombre, plus profonde et plus effrayante.


Autre point, dans La momie, tout comme la version de 1999, il y a de l’humour. Pour ainsi dire, TROP d’humour. Néanmoins, bien dosé, bien écrit, mélangé aux séquences sérieuses et effrayantes, ça permet de ne pas tourner le film en comédie horrifique, voir la parodie, piège dans lequel était tombé malheureusement La momie de 1999 (ça n’a pourtant pas empêché le film d’être excellent). N’imaginez cependant pas une seule seconde que la version de 2017 repompe bêtement tout de ce qui a fait le succès de la version de 99. Cette nouvelle version a sa propre identité, sa propre direction artistique et scénaristique. Bon rythme, belle narration (bien que totalement différente de ce que l’on a pu voir dans le genre), humour, aventure et action se mêlent à fascination et terreur. Renouveau dans le monde du cinéma ? Ça se pourrait bien.


Je rebondis rapidement sur ces histoires de critiques américaines et françaises crachant sur ce film. Pour une fois qu'on a un blockbuster américain proposant autre chose que le format de films habituels, proposant un univers construit, censé, cohérent, bien lancé, bien raconté, honnête, modeste, amusant et répondant déjà aux questions concernant ce premier film , vous trouvez encore le moyen de cracher votre venin? A croire que les critiques et les spectateurs se sont retrouvés paumés dans un film osant changer sa structure. Le monde va mal et maintenant, il va mal aussi au cinéma.


Au final, La momie 2017 est proche de ce que pouvait nous offrir la version de 1999. Tout du moins coté spectacle et humour. Le reste demeure bien plus sombre et mature. Avec La momie, le Dark Universe se construit, mettant en avant le Dr Jekyll, fil rouge de l’univers, personnage étant amené sans l’ombre d’un doute à faire de nombreuses apparitions dans les futurs autres films de l’univers. Une sorte de Nick Fury ? Ca m’en a tout l’air. En tout cas, La momie donne le ton, divertit bien, donne l’eau à la bouche, et hâte de voir ce que donnera le reste. Les festivités continueront en 2019 avec La Fiancée de Frankenstein. Bill Condon sera aux commandes, Javier Bardem, dans la peau du monstre, sera votre hôte.

Jay77
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le 14 juin 2017

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Jay77

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