Dépoussiérer n’est pas ressusciter !

Loin de posséder une équipe décevante, le réalisateur Alex Kurtzman et ses scénaristes de luxe ne parviennent à amorcer une saga qui se profile pourtant sous de bonnes intentions. Le Dark Universe est au centre des discussion depuis un moment et les plus attentifs auront de quoi être déçu de cet envol prématuré. Comparé au film de 1999, cette œuvre semble perdre pied et sombre dans une confusion regrettable. Il ne souhaite pas prendre position entre l’aventure décomplexée et la rigueur d’un récit mythologique pur. Ne se suffisant pas à lui-même, il soulève tout de même quelques points intéressants qu’il faudra déterrer avec patience, comparant chaque grain de poussière avec un autre.

L’idée est de porter le pilote d’une longue série de films et c’est Tom Cruise qui incarne l’espoir de voir naître cette épopée. Il campe alors Nick Morton, mercenaire calqué sur le personnage qu’interprétait Brendan Fraser déjà. La ressemblance est frappante mais le remake ne justifie pas tout. Bien que sa prestation au niveau des cascades soit appréciable, la superstar traine l’image d’un héros interchangeable d’une saga à une autre. Cet effet peut sembler poussive aux yeux de certains, mais la vérité est que Cruise recycle énormément son jeu, selon les vœux des réalisateurs. Le charme y est mais le personnage, croisant l’humour et l’action de haut vol, est trop mal engagé pour satisfaire le visionnage du récit fantastique. La distraction devient sa nouvelle mission.

Et ce n’est certainement pas dans le jeu d’acteur que l’on compensera les fracas d’un scénario instable et peu emballant. Jenny Halsey (Annabelle Wallis) reste la demoiselle en détresse de service, tout comme Chris Vail (Jake Johnson) renvoie au comique de service. La poésie se perd et les traces d’ombre se multiplient derrière leur carrière. Quant à Ahmanet (Sofia Boutella), le rôle de méchante lui convient assez bien. Son personnage évoque bien plus de détails et de profondeur sur la mythologie égyptienne, ce qui n’est pas négligeable. Cependant, on renonce assez rapidement au développement de ce personnage afin de la transformer en un prédateur surpuissant, mais affreusement niais. Il use d’artifices conséquent dans le seul but de relever la pente de l’action. De plus, l’esthétique ne rend pas justice aux créatures, bien trop irritant pour l’œil.

Le fil conducteur ne tient donc sur rien en réalité et l’on se permet de désamorcer toutes les tentatives de développement. Heureusement que le personnage d’Henry Jekyll (Russell Crowe) vient couvrir un soupçon d’ennui et de paresse. Sa présence marque une fraiche pause afin d’assimiler les principaux objectifs de l’œuvre. Secondaire sur les bords, il éveille tout de même la curiosité que nous perdons au fur et à mesure de l’avancée du récit.

Hors-sujet sur bien des domaines, « La Momie » entame un projet sur une profonde hésitation. Disons qu’il n’y a qu’un lot de personnes à blâmer dans l’histoire, car l’univers est d’une richesse maladroitement négociée. Indigne de ses prédécesseurs, ce nouveau volet ne mérite pas tant de haine mais une chance de laisser renaître les monstres méconnus du cercle maléfique. Espérons que la malédiction ne s’abattra plus sur les prochains essais, dont ils penseront à tirer leçon de cette débâcle, indigne de la symbolique qui entoure la mythologie.