Bore to the pictures
La Mort en direct est un double saut dans l’inconnu pour Tavernier : une expansion à l’international avec la langue anglaise, et une découverte de la science-fiction dans un récit d’anticipation...
le 15 avr. 2021
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Formel, conceptuel, spectaculaire, expérimental... autant de mots et de manières de faire du Cinéma un Art à part entière. Celui de Bertrand Tavernier sera didactique, au sens le plus noble du terme : ses films sont comme des fenêtres ouvertes sur l'Histoire, solidement étayés par de vrais sujets politiques, sociologiques ou simplement psychologiques doublés de reconstitutions toujours rondement menées.
On sort d'un film de Bertrand Tavernier avec le sentiment d'en comprendre davantage qu'au seuil du visionnage, captivé aussi bien par son sens de la narration que par celui de sa mise en scène et son amour des acteurs et des actrices qu'il filme avec passion et juste mesure, fort d'une boulimie cinéphilique sans égale dans le paysage du cinéma français des années 70-80...
Cinquième long métrage et premier film de science-fiction du réalisateur La Mort en direct est également son premier long métrage tourné en-dehors du territoire hexagonal. Située dans une Écosse pratiquement désertique baignant dans la superbe lumière grisâtre de Pierre-William Glenn l'intrigue se concentre principalement sur le personnage de Roddy ( extraordinaire Harvey Keitel, qui trouve là l'un de ses rôles les plus magnétiques ), pion de l'échiquier télévisuel enrôlé pour enregistrer à chaque seconde les moindres faits et gestes d'une héroïne de télé-réalité à l'article de la mort ( Romy Schneider, intelligemment enlaidie par Bertrand Tavernier, le cinéaste réfutant toute forme de cinégénie et/ou de sublimation forcée propre à la société-spectacle qu'il critique vertement ). Filmée à son insu, la figure de Katherine finira par se rapprocher de cet étrange homme-caméra trouble et charismatique...
La Mort en direct est - chose évidente dès les premières minutes - une édifiante fable d'anticipation notoirement en avance sur son temps. Quelques années avant le non moins remarquable Prix du Danger de Yves Boisset Bertrand Tavernier passe au crible l'industrie de divertissement du petit écran et ses dérives pornographiques, filmant plus que jamais la mort et son travail de tous les instants ; visionnaire, délibérément terne dans son potentiel graphique et proche de l'apparition fantomatique La Mort en direct est un morceau de cinéma particulièrement ambitieux, audacieux et rassasiant : à voir absolument !
Créée
le 15 juin 2020
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