La Mouche, titre ultra simpliste pour un film qui est loin de l'être. C'est sans doute le film qui définit le plus largement la démarche de David Cronenberg, son oeuvre la plus populaire. En effet, on retrouve dans ce film beaucoup des thématiques communes à l'intégralité de sa filmographie.
Premièrement, son goût pour le corps et sa déformation. On peut le dire, ce film est dégueulasse, manger en regardant le film n'est pas la meilleure des idées. L'attrait de Cronenberg pour les déformations du corps et ses changements se traite dans le film d'une manière très directe comme son travail sur l'image. Les membres cassés, les peaux grêlés, mutilés... aidés par certains plans qui peuvent faire penser aux films de "monstres" des années 1920.
Ce travail sur ce qu'est le body horror sert l'autre thématique de Cronenberg, la remontée de ce qui est caché à la surface. Les personnages se transforment de l'intérieur.
En témoigne le premier symptôme de mutation de Brundle, des poils qui lui sortent du dos.
Cette composante induit un fatalisme très fort dans l'histoire, ce qui permet d'éviter des moments assez basiques qui aurait cassé la dynamique du film.
On peut retrouver aussi l'attrait du réalisateur pour les sciences et les nouvelles technologies comme on peut le voir dans Existenz. Mais aussi, il exploite très bien la confusion entre rêve et réalité comme on le retrouve dans Existenz(encore) ou dans une autre mesure dans Dead Zone.
La Mouche c'est un peu Cronenberg qui parle de Cronenberg. Il pose avec ce film, et avec ceux qui suivent les thématiques qui lui sont chères tout en variant la façon de les aborder. Il est frappant de voir une grande intelligence dans le travail qui, par un effet de crescendo fait monter la tension. On voit disparaître le discernement humain au profit de l'instinct primaire animal. Avec Cronenberg, d'une certaine façon, le ver est dans le fruit.