LA MULE (15,8) (Clint Eastwood, USA, 2018, 116min) :


Magnifique road trip testamentaire narrant le destin d'un horticulteur octogénaire taquin obligé financièrement de trouver des ressources au point d'accepter de façon candide de transporter avec son pick-up des sacs secrets contenant des kilos de cocaïne pour un cartel mexicain, et de devenir donc une "mule" dans le jargon de narcotrafiquants. Après le déraillement cinématographique en 2018 avec le funeste 15h17 pour Paris, Clint reprend la caméra pour retrouver la bonne route et nous offrir une histoire en ligne droite tirée d'une histoire vraie, tout en nous offrant un lucide miroir sur l'homme Eastwood qui tombe le masque en exhibant ses failles et ses ambiguïtés.


À travers une superbe mise en scène classique n'oubliant jamais le plaisir du cadre, la caméra suit avec élégance au rythme lent de l'homme de 87 ans, de ses diverses livraisons, et de son parcours crépusculaire baignée par une lumière chaleureuse. Le réalisateur s'appuie sur une intrigue programmatique de descente en enfer suivie d'une rédemption familiale, tout en mélangeant les genres (polar, comédie, drame) de façon maline pour mieux s'amuser ou faire un pied de nez avec autodérision de nombreux clichés qui lui colle à la peau, par le biais de ce formidable portrait truculent d'un papy loser, sans oublier d'établir un solide état des lieux de l'Amérique. On peut trouver certaines situations répétitives, et certains personnages un poil caricaturaux, mais la bienveillante caméra de Clint ne juge aucun d'entre eux, tout en distillant à son prenant récit une probante atmosphère mélancolique où les regrets même tardifs viennent mettre une dernière lumière à sa trajectoire avant le grand saut vers la nuit.


Un faux thriller à suspense où la sobriété d'interprétation de Bradley Cooper accompagne la sincère et touchante prestation corps et âme de la légende Clint Eastwood qui s'imprime devant nous. Une authentique introspection dont la sincérité finit par nous mettre des émotions pleins les yeux, grâce à cette nouvelle pierre cinématographique personnelle venant s'ajouter à une ŒUVRE colossale.

Savoureux. Intime. Brillant. Émouvant.

seb2046
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le 23 janv. 2019

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