Après avoir loué ce film sur iTunes, pris de regret de ne pas l'avoir acheté, je l'ai finalement pris en BluRay quelques mois plus tard pour le revisionner...oui je suis en train de vous dire que j'ai vu ce film deux fois en l'espace de 3 ou 4 mois, le pire c'est que je projette déjà de le revoir d'ici le même intervalle de temps ! Pourquoi ? Difficile à dire. Enfin...disons plutôt que je ne saurais répondre avec une raison précise, c'est plutôt l'ensemble du film qui me fascine.
Et on aurait du mal à vraiment trouver dans l'intrigue un point précis étant donné qu'au final il ne se passe pas grand chose : mandaté par un riche collectionneur et adorateur de Satan, un marchand de livre rares/anciens doit faire le tour de l'Europe pour comparer les autres exemplaires d'un livre rare censé indiquer un moyen de rejoindre le royaume des ombres...ou bien de gagner le pouvoir satanique ? Le mystère plane et en même temps pas vraiment. En effet, le film ne laisse pas vraiment place au doute sur son caractère fantastique même si ce n'est pas totalement explicite, le film est même extrêmement sobre tout du long. Ce premier point est important et constitue selon moi une force de cette oeuvre : la façon de tourner est assez mature et pas versée dans le spectacle, ce qui est habituellement un lieu commun du cinéma du genre.
En lien avec ce point, les personnages jouent globalement bien leurs personnages - somme toute banals d'ailleurs - notamment le personnage principal qui participe à un des premiers degrés de visionnage du film : la "méchanceté" luciférienne.
En effet, ici le "Diable" (futur ?) semble au fond être juste un type pragmatique et finalement assez humain. Un "salaud" froid et pragmatique peut-être, mais pas spécialement une caricature du Diable, loin de là ! La dérive du personnage est ainsi assez subtile, de même que sa part d'ombre : des coups de poings par ci, une petite escroquerie par là, ... bref - peut-être que c'est moi le "salaud" - mais rien de bien choquant ni injustifié au regard du contexte. De fait, on peut ainsi s'identifier plus facilement au personnage ou le comprendre ; d'ailleurs, tout comme lui, on est aussi gagné par cette fascination pour le livre en question.
Cette subtilité se retrouve dans la mise en scène très détaillée...on est là en présence d'un film pour fétichistes qui aiment saisir le moindre petit détail même s'il ne participe pas forcément d'une énigme globale. En effet, le mystère du film est selon moi un non-mystère, c'est plutôt la saveur et les nuances que l'on essaie de percevoir comme un manteau que l'on saurait vert mais que l'on voudrait classifier selon des échelles de teintes plus fines. D'un mouvement de caméra discret montrant l'absence d'ombre sous un personnage, des visages de personnages vaguement familiers à d'autres gravures, ... Le film cultive une espèce de symbolique ponctuelle, celle qui est introspective. D'ailleurs, les neuf illustrations du livre central suivent les codes et personnages du Tarot, approche qui se télescope dans les scènes du film.
Enfin, il y a une forme d'aura étrange qui émane de ce film. Filmé à l'ancienne avec une sobriété assez réaliste, il exhale tout de même une forme d'ombre latente autour des situations, de l'intrigue. Ce point est difficile à expliquer, surtout que le film ne contient pas vraiment de "twists" (vous savez le truc à la mode) mais plutôt une envie de creuser tel ou tel détail. Cet atmosphère pesante que vit le personnage se retranscrit dans le salon. Ainsi, globalement, le film transporte bien dans son déroulement. "Déroulement", c'est peut-être cela que je cherchais car - faute d'intrigue fracassante - c'est plutôt la peinture du chemin à la fin logique qui est magistrale. Chaque scène, chaque détail même infime sait et donne à s'interroger, non pas sur un "message" mais sur un "sens". La neuvième porte est donc un film qui titille l'intuition, le goût des images, le goût de l'étrange derrière le fard.
Pour toutes ces raisons - et bien d'autres aussi, comme l'intérêt que je porte aux thèmes présentés comme les bizarreries du passé, l'occulte, ... - je crois avoir trouvé un de mes nouveaux films fétiches. Pas un de ceux qui me laissent bouche bée ou bouleversé devant le générique, mais un de ceux qui me fascinent tout du long et qui se découvrent sous un nouveau jour à chaque fois.