Preuve à l'appui : Mère Teresa est bien plus badass que Valak...

"La Nonne", spin-off tant attendue de la saga horrifique créée par James Wan, le grand maestro du genre depuis maintenant des années, arrive en salle sans l'effet escompté. En effet, moi qui pensais avoir une bonne frousse, je suis resté de marbre face à ce pur produit hollywoodien banal et totalement décevant d'un point de vue scénaristique.
C'est vrai, le fait que l'histoire se déroule dans un autre cadre spatio-temporel apporte cachet et singularité à ce volet. Cette abbaye gothique, sauvage et isolée en pleine nature roumaine instaure un cadre atypique, propice à de grands mystères et de belles frayeurs. La photographie, bien que trop aidée par les images de synthèse, plante un décor riche et prometteur mais qui, malheureusement, se trouve mal exploitée dès les premières minutes du film.
Ce qui m'a le plus déçu, c'est avant tout le manque de rythme : on met un temps fou à rentrer dans l'histoire et à découvrir le démon Valak qui ne devient ici qu'un prétexte pour nous faire sursauter. Aucune information croustillante ne viendra combler le cinéphile aguerri qui devra se contenter de quelques apparitions maladroites et une confrontation finale digne d'un Marvel, sans surprises donc ! On se contente d'une vulgaire incarnation du Mal sous la forme d'une Nonne... Et suite aux apparitions marquantes du personnage dans les volets précédents, on s'attendait à mieux, voire à quelque chose de similaire mais pas à pire...
Tout est prévisible, les phénomènes étranges arrivent comme un cheveux sur la soupe et ne procurent aucune sensation de malaise ou d'angoisse tellement c'est du remâché. Ce qui s'avérait intéressant et exploitable au début (les jeux d'ombres et de lumières essentiellement) perd en inventivité et se confond dans de très prévisibles jumpscares et dans une surenchère d'incohérences scénaristiques, de piètre qualité. Pourtant, de bonnes idées parsèment l'ensemble et contribuent au climat obscur (les clochettes sur les tombes, le rituel de prière, la Mère Supérieure, les visions du Père Burke) mais celles-ci sont très vite banalisées par des effets nanardesques. Aucun approfondissement, aucun indice, tout est servi par grosse louche comme à la cantine et le gout est des plus amer. On a l'impression que le symbolisme autour de la religion n'est là que pour apporter une esthétique et se contente de son cadre pour laisser le spectateur patauger dans sa pop-culture pour se faire ses propres frayeurs. Bien que visuellement irréprochable, il est difficile de cacher la misère scénaristique de ce volet.
Même les acteurs jouent mal. Seule Taissa Farmiga s'en sort sans trop en faire dans le rôle sage et innocent d'une jeune religieuse qui n'a pas encore prononcé ses voeux. A ses côtés, on a le droit à un prêtre (Demian Bichir) qui semble totalement serein dans ce milieu a priori hostile et un jeune livreur de provisions, québécois sans accent qui s'appelle Frenchie (belle trouvaille de scénariste !), qui passe son temps à draguer et revendiquer sa nationalité ! Mise à part la première, la peur et l'inquiétude ne se lisent pas sur leur visage. Simples protagonistes affrontant le Mal, le scénario n'apprend rien sur leur psychologie, leur expérience ou leur rapport à la religion ou la foi. "Quelle perte de temps ! Met un jumpscares, c'est mieux !" Ha si, le jeune est un français québecois, je vous l'ai déjà dit ?
Film "pop-corn" rempli d'effets grotesques, de prières et d'un Démon Valak qui fait la grève... Je réfléchirai personnellement à deux fois quand je lirai à nouveau "Le chapitre le plus terrifiant de l'univers de Conjuring"...

alsacienparisien
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le 21 sept. 2018

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