Ce printemps, les romanciers français n'ont vraiment pas à se plaindre de l'adaptation de leurs livres au cinéma, en particulier Philippe Djian (Elle) et l'excellent Jean-Paul Dubois (La nouvelle vie de Paul Sneijder). Bien sûr, pour ce dernier, Thomas Vincent ne parvient pas tout à faire à rendre toute la veine absurde et cocasse de l'écrit. Il s'en tire toutefois avec les honneurs, dans la lumière enneigée de Montréal, avec cette histoire de résilience qui s'accompagne de dépression douce alliée à une critique féroce du monde cynique et opportuniste qui nous entoure. Malgré un rythme inégal, notamment en son démarrage, La nouvelle vie de Paul Sneijder capte avec sensibilité le dégoût de la vie et de ses contingences matérielles qui se révèlent futiles et plates après un deuil. Mais le film ne serait pas ce qu'il est sans une prestation quatre étoiles d'un Thierry Lhermitte que l'on n'avais jamais vu aussi brillant dans l'apathie si ce n'est dans Une affaire privée. Son interprétation sans effets ni efforts apparents rehausse largement une oeuvre qui, sans cela, aurait navigué dans des eaux guère tumultueuses.
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