Le film nous fait spectateur de ce qui s’annonce comme la nuit fatidique pour un couple jadis amoureux. Giovanni, romancier à succès qui carbure à l’estime qu’il reçoit du public. À ses côtés, Lidia, qui finit par le détester à force de se sentir délaissée et dévalorisée. Antonioni explore à nouveau les sentiments matrimoniaux troubles et cela toujours en profondeur et avec subtilité. Il réussit comme pas un à mettre le focus sur l’intérieur de ses personnages. Jeanne Moreau est plus convaincante que jamais, en conjointe écorchée et suicidaire. On sent sa douleur abyssale derrière ses efforts pour la dissimuler. Même chose pour Mastroianni qui nous a habitué à ces personnages à double face s’exprimant à l’envers de ce qu’il ressent. Le scénario est simple mais percutant. Avant de se rendre au lancement du nouveau roman de Giovanni, le couple rend visite à un ami en phase terminal. Sa mort au cours de la nuit vient rompre le seul lien qui semblait encore unir les deux conjoints. À travers une soirée archi mondaine, ils s’entrecroisent entre l’errance cuisante de Lidia et la fuite de Giovanni dans des jeux de séduction. Lorsqu’ils se retrouvent aux petites heures du matin dans un champ à perte de vue, Lidia dévoile son âme à Giovanni qui réalise l’ampleur de son ingratitude. Il se met à l’embrasser comme un nageur sur le point de se noyer. La trame des œuvres d’Antonioni agit comme un courant de fond. Elle nous entraîne dans les états d’âmes des personnages et on en sort troublé.

Elg
8
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le 24 oct. 2019

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