Je me suis prise de curiosité à regarder ce film de Truffaut après avoir vu l’entretient ciné de Bedos animé par In The Panda pour la sortie de La Belle Epoque (dont je viens de faire la critique d’ailleurs) qui avait noté des ressemblances entre les deux films.
Je vais donc m’atteler à la critique de La Nuit Américaine en faisant quelques rapports avec La Belle Epoque.

La Nuit Américaine de Truffaut est un film réalisé dans les années 70, plus exactement en 1973, qui raconte l’histoire du tournage d’un film intitulé “Je vous présente Pamela”; dont le synopsis narre l’histoire d’un jeune homme venant présenter à ses parents sa petite amie, Pamela, qui va finalement succomber au charme du père pour s’enfuir avec lui.
En réalité, l’histoire principale du film vise à présenter et dépeindre l’envers du décor d’un tournage avec tous les acteurs impliqués dans la production de celui-ci: de l’acteur aux investisseurs.

En effet, à la différence de notre génération, il me semble qu’autrefois toute personne offrant des financements afin de permettre la réalisation d’un film se voyait bien plus concerné par le tournage ayant la mainmise sur les fonds de celui-ci. Léger détail qui leur permettaient d’exercer une pression supplémentaire sur le réalisateur et les équipes quand à l’avancée du tournage; leur donnant même la possibilité de se rétracter en cours de réalisation si le résultait s’annonçait désastreux.

Au coeur de ce film, est représenté avec beaucoup de justesse, la responsabilité qu’endosse un metteur en scène à devoir orchestrer un tournage de A à Z: surtout à une époque où les moyens de production n’étaient pas aussi simple en terme de logistique qu’aujourd’hui (décors construits en plein air, caméra argentique, moins de possibilités de transformer les footages en post-production etc). Un contraste très impressionnant mis en parallèle avec l’entreprise des Voyageurs du Temps dans le film de Bedos qui, pour faire revivre des moments vécus à leur clients, déploie des moyens considérables.

Le metteur en scène, Ferrand (joué par Truffaut lui-même) fait preuve tout au long du tournage de sang froid, fait face à l’adversité et joue un rôle très important de médiateur auprès de tous les membres de son équipe, d’ailleurs très dépendante de son fin mot. On perçoit l’angoisse de Ferrand mis en avant par ses rêves. Un songe répétitif de lui petit qui lui rappelle que son ambition enfantine repose sur sa performance professionnelle d’adulte.

Un projet dont le cheminement est parsemé d’embuches du fait des histoires personnelles de chaque membre de l’équipe qui viennent s’entre-mêler à l’histoire du film. C’est sur la représentation d’un monde artificiel (qu’est celui du cinéma) raconté d’un point de vue interne que le film de Truffaut nous rappelle celui de Bedos, La Belle Epoque.
Un univers d’ailleurs remis en question à la fin du film par la tirade de la femme du régisseur, seul membre extérieur du tournage: “Qu'est-ce que c'est que ce cinéma ? Qu'est-ce c'est que ce métier où tout le monde couche avec tout le monde, où tout le monde se tutoie, où tout le monde ment. Vous trouvez ça normal ?”

Il est également amusant de constater que les femmes au sein de l’équipe du tournage sont peu nombreuses; seulement trois femmes dont deux représentés: l’une assistante de réalisation qui tient la route et l’autre maquilleuse et sotte. Une représentation qui même remontant à il y a une cinquantaine d’années, souligne toujours la non parité de ce milieu de nos jours.

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le 6 avr. 2020

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Diane MD

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