La nuit amère qu’on voit danser...
Ce film tourne en boucle: il y a de quoi devenir schizophrène quand on est un réalisateur qui tourne un film dans lequel on est le réalisteur en train de tourner son film.
Curieusement Truffaut mène sa barque avec brio, on n’est pas perdu un instant entre les histoires, le tout s’enchevètre sans heurt dans la réalisation.
La permière impression qui ressort de ce film, c’est qu’on a affaire à une petite entreprise où tout se vit plus intensément que dans la vie “classique”: trahisons, amours, choix, ruptures, humeurs diverses et gestion de l’entreprise se font à 100 à l’heure.
Le cinéma apparait à la fois beau et cruel: loin de casser le mythe, les petits riens qu’on nous montre contribuent à nous faire admirer les hommes orchestres qui s’unissent pour pondre un film.
L’agglomérat de petites mains qui viennent apposer leur pierre à l’édifice, aussi bien de belles pierres solides pour les fondations que des pierres branlantes et mal assorties qu’il faut faire tennir tant bien que mal.
On navigue entre les doutes du réalisateur qui doit pouvoir s’appuyer sur une assistante en béton, les sautes d’humeur des uns et des autres, les angoisses soudaines quand cet imbécile de chat refuse de faire ce qu’on attend de lui...
On a vraiment le sentiment de vivre le tournage, et c’est bien agréable. (ce qui est agréable c'est d'être confortablement installé à regarder une fourmillière au boulot).
Le tout est parsemé de belles scènes, maitrisé, agréable à suivre.
Et en prime on a droit au charmantes couleurs fanées qui épousent parfaitement les costumes et coiffures de l’époque, au phrasé qui n’appartient qu’à cette génération.où rien n’est grave et tout se mélange.
Un moment bien agréable, on ne boude pas son plaisir.