Il est rare que je n'aime pas les films considérés comme de grands classiques, mais pour le coup je n'arrive pas à me résoudre à mettre une bonne note à La nuit des masques. On me préviens dans l'oreillette que je vais y perdre en crédibilité, c'est un film majeur, il a lancé tout un sous genre. On m'avertit, ce n'est pas de n'importe qui derrière la caméra, c'est John Carpenter, le seul, l'unique. Un grand monsieur pour un film considéré comme culte et adulé, vu comme un indispensable du cinéma d'horreur. Et pourtant, il m'est impossible de monter à plus de 4/10 pour ce film en mon âme et conscience. Mettre plus serait mentir sur mon avis. Ce film a trop de défauts. Et c'est pas parce que c'est le premier à tomber dans les travers du slasher, qu'il doit être excusé de tous ces travers, en tout cas moi je n'arrive pas à les laisser passer. Peut-être parce que le genre en soi a tendance à me laisser de marbre... Parce qu'il est vrai que je ne porte pas vraiment les slashers dans mon cœur, à de rares exceptions près, comme l'excellent Massacre à la tronçonneuse.


Le problème est qu'à mes yeux, La nuit des masques ne vaut pas beaucoup mieux que n'importe quel autre slasher, (bon il est moins mauvais que certains autres, on peut difficilement en douter tellement certains slashers n'ont été rien d'autres que d'affreuses daubes naveteuse, mais de là dire que c'est un bon film, il y a un fossé qu'il m'est impossible de franchir). Un exemple des plus évident, ces adolescents, qui peut bien s'identifier à eux, avoir peur pour eux, bref qui peut éprouver de l'empathie... ? Je me le demande, et je suis ouvert au débat si tu adores ce film. Parce que personnellement je les trouve creux, aux discussions vide et générique, aucun ne réussit à me paraître autre chose que faux ou antipathique, et cerise sur le gâteau, on a le droit au trio de cruches féminine, ce qui n'aide franchement pas. Au cœur de cette fine équipe, on a la none intello, qui même si elle est aussi cruche que ces dernières, ne t'y méprends pas, est tellement prude qu'elle réussit la performance de quasiment s'étouffer avec une taffe d'un joint, ce qui il est vrai m'aura au moins donné l'occasion d'un bon fou rire au sein de ce film. Mais là je m'égare un peu. Pour revenir à des choses plus sérieuses, les personnages sont tellement clichés qu'on sait, à peines présentés, qui d'entre eux vivra et qui mourra.


Et à côté on a le tueur, l’iconique Michael Myers... Enfin iconique n'est pas exactement le mot que j'aurais choisi, personnellement j'aurais plus opté pour le robot ou le zombie... Aucune émotion, quand il observe quelqu'un, il se plante comme un piquet avec son masque sur la tête en respirant aussi discrètement qu'un éléphant enrhumé, ou alors il ralentit en voiture d'une telle sorte que tu ne puisse pas le rater, ce qui me fait m'étonner que personne dans la ville ne le trouve un poil étrange avant qu'il ne se mette à tuer... Egalement le type ne court jamais, même quand il pourrait avoir tellement plus facilement ses victimes en courant, et il ne décroche pas un mot, mais bon ça encore je peux comprendre, c'est pour impressionner ses victimes. Et il est quasi immortel, il peut se prendre coup de couteaux et balles à bout portant sans sourciller. A peine un contretemps... Et passons également sur le fait qu'il n'ait aucun développement, aucune personnalité, aucun mobile, juste d'après son psychiatre c'est le mal incarné. Très subtil. Et si on admet que c'est un film fantastique et que Myers est le mal incarné comme le croit son psychiatre, alors il faudrait qu'il soit vicieux, fourbe et qu'il soit un des plus violent tueurs en série, semant la police et les cadavres sur sa route. Et puis même sans parler du nombre de victime, il faudrait travailler un peu sa personnalité pour y croire, un peu comme il est possible de croire au démon Pazuzu dans L'exorciste, grâce au jeu d'acteur de Linda Blair, et au travail sur son personnage ainsi que sur cette entité maléfique qui la possède. Ici c'est un banal tueur, monolithique au dernier degré, qui use de stratagèmes digne d'un enfant de dix ans, qui ne réussit à survivre uniquement parce que le film enterre les lois de la cohérence et qui réussit à ne pas se refaire arrêter uniquement parce que la police se fout du tueur.


Parce que oui j'aimerais qu'on m'explique une chose très simple, mais que fait la police dans ce film ?! On a un psychiatre alarmé, douteux certes, mais reste que ses peurs sont plus que compréhensible. Surtout qu'ici on parle d'un tueur psychotique qui s'évade, et tout indique qu'il serait sur le point de récidiver dans sa ville natale, c'est même prouvé d'ailleurs, car le tueur n'est pas exactement une lumière et laisse de grosses traces sur son passage. Et au vu de ces éléments, plutôt que de protéger les membres survivants de la famille Myers, ou de chercher des signes du tueur, qui ne passe pourtant pas exactement inaperçu, en interrogeant par exemple les habitants de la ville, le shérif en rigole doucement et se dit qu'après tout on verra bien... Hum... Totalement logique...


Alors oui Carpenter est bon en tant que réalisateur et instille au film quelques bonnes idées de mise en scène, cela devrait sauver le film, ça et la musique culte... Mais non. Au final cela ne suffit pas à me convaincre. A part la scène d'intro qui est intéressante et amène un côté dérangeant par sa vue subjective, il n'y a que bien peu de choses assez poussés pour être intéressantes dans la mise en scène. Et puis le thème principal a beau être culte, quand il est joué pour la 126ème fois, qu'il brise toute tension en nous indiquant que le tueur est pas loin, c'est juste lourd à la fin. Sans compter les bruitages ridicules proche des jump scares ayant pour seul but de nous faire sursauter quand le tueur achève une de ses victimes.


Malgré tout j'ai failli avoir des remords et me trouver un peu dur envers ce film. C'était sans compter les vingt dernières minutes qui n'ont aucun sens et annihilent tout remords que je pouvais avoir. Entre un Michael Myers increvable, mais ça j'en ai déjà parlé. Deux twists à deux balles où on appuie bien sur le fait que l'héroïne est absolument certaine d'avoir tué ce psychopathe, elle l'a eu, aucune chance qu'il revienne... Devine quoi ? Les deux fois elle se plante. Et les deux fois le films enterre toute cohérence pour l'existence de ces twists. On s'en serait passé. Ou sinon on peut parler aussi de la maladresse légendaire de Myers, qui par deux fois était tellement proche de poignarder l'héroïne, que même un aveugle à sa place ne l'aurait pas loupé. Mais ce zombie de Myers réussit l'exploit de la rater. Je continuerais bien, parce que des faits absurdes peuplant les 20 dernières minutes du film, il y en a à la pelle. Mais je me doute que tu dois avoir compris mon propos, inutile d'en rajouter. Ces vingt dernière minutes font pour moi basculer le film dans le ridicule total... Pourtant Carpenter m'avait habitué au contraire à soigner ses fins, voire même pour certains films à en faire quasiment l’intérêt principal du film. Faire une fin aussi ratée, ça ne lui ressemble pas...


Et puis merde. Plus j'avance dans l'écriture de ma bafouille, plus je repense et réfléchis sur ce film et ses défauts, plus je me dis qu'il n'y que bien peu à sauver dans ce film si adulé, que ce n'est pas 4 que je vais lui mettre, mais 3 finalement. Et me relire en vue de poster cette bafouille ne fait que me conforter sur ce point. Alors peut-être que je suis tout simplement complètement passé à côté de ce qui fait la sève du film, c'est possible. Mais, même si je suis loin d'être le seul sceptique face à ce film au vu de certaines critiques et de certaines notes de mes éclaireurs, j'ai eu envie l'espace de ces quelques paragraphes, maladroits peut-être il est vrai, d'inscrire mes quelques pensées sur ce film, afin de livrer mon incompréhension, mon scepticisme face à tant d'admiration sur ce film que je ne demandais pourtant qu'à aimer à la base. C'est que Carpenter vaut tellement mieux que ce film. Que ce soit en matière de film d'horreur, rien qu'avec l'excellent The Thing, ou avec des films comme Escape From New York, très bon film d'action aussi nihiliste que jouissif, avec un soupçon d’irrévérence, et un Kurt Russell jouant un anti-héros comme on en fait plus (un vrai anti-héros hein, pas ces fiottes de Suicide Squad. Désolé. Seulement 10 jours me séparent du visionnage de cet étron qu'est Suicide Squad, j'ai encore quelques séquelles psychologiques, je ne me suis pas encore remis de ce traumatisme, du coup j'ai tendance à m'égarer un peu, il ne faut pas trop m'en vouloir...). Bref il me reste encore une bonne partie plus que prometteuse de la filmographie de John à explorer, et je ne me suis que trop attardé sur La nuit des masques alors que They Lives qui mijote dans mes téléchargements, m'appelle à plein poumon.

Noe_G
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le 13 août 2016

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