La légende du loup-garou a toujours été le parent pauvre des grands mythes fantastique adapté au cinéma. D'un point de vue quantitatif d'abord mais aussi, et c'est plus gênant, d'un point de vue qualitatif. Et oui ! Le plus souvent le fier " werewolf " ressemble davantage à une malheureuse carpette empaillé qu'au symbole de la rage animale qu'il devrait être. Les traitements intelligents du loup garou peuvent aisément se compter sur les doigts d'une seule main. Et dans ces quelques réussites, on peut compter cette Nuit du loup-garou produite par l'incontournable Hammer Films.

En Espagne, un détestable lord fait mettre, par simple cruauté, un malheureux mendiant dans ses oubliettes. Il l'oublie à son sort et celui ci se met lentement à régresser à l'état sauvage. Bien plus tard, une servante muette est à son tour jetée aux oubliettes et, forcément, est violée par le mendiant. Elle parvient à s'enfuir et survit pendant quelques temps dans la foret. Finalement elle accouche du fruit de l'horrible union et décède dans l'opération, l'enfant étant recueilli par un couple passant par là. Ce dernier grandit donc, heureux dans ce nouveau foyer, ignorant sa véritable origine. Mais son père adoptif remarque vite que la pleine lune affecte grandement son comportement, le rendant très violent, il décide pourtant de garder pour lui cette constatation. Parvenu à l'age adulte, le jeune homme va devoir affronter ces pulsions qui ne cessent de le posséder avec une intensité croissante.

Commençons par le point qui fâche : L'Espagne. Je n'ai rien contre l'Espagne, bien au contraire, mais pourquoi diable placer l'action du film là bas ? D'autant plus qu'à part des costumes différent tout le film baigne dans l'esprit Hammer, un esprit " so british ". Il suffit de voir le comportement du notable qui ressemble exactement à ceux des lords anglais décrits dans tant de production de la compagnie britannique( Le chien des Baskerville par exemple). Je sais bien que l'Espagne sera plus tard un lieu de prédilection pour le loup-garou (cf : tous les films avec Paul Naschy) mais ce n'était pas encore le cas en 61 et ce mythe est autant présent dans la culture anglaise qu'espagnole. Ce choix de localisation géographique est donc aussi discutable que peu crédible à l'écran.

Voilà une critiques bien mineure pour un film majeur. Car l'inégalable Terence Fisher va réussir à reproduire ce qu'il avait déjà fait avec Dracula (Les nuits de Dracula) ou Frankenstein (Frankenstein s'est échappé), c'est à dire renouveler entièrement un des grands mythe fantastique européen. L'homme était alors à l'apogée de son talent et parfaitement épaulé par les excellents techniciens maisons et un casting impeccable. Ce qui nous vaut cette fameuse ambiance si particulière aux films Hammer, pleine d'un charme suranné et envoûtant, ces couleurs flamboyantes et cette musique aux accents dramatique. Un régal.
D'autant plus que Fisher choisit un angle très inhabituel pour traiter du mythe. Il consacre ainsi un bon tiers du film aux futurs parents de notre loup garou, cherchant à justifier la malédiction qui pèsera sur ce dernier. Mine de rien ça nous change de l'habituel " ho je me suis fait mordre par un loup et je vais devenir loup garou a mon tour " qui semble être devenu la norme depuis quelques années. Et surtout ici la transformation en loup garou est traité à 100% comme un drame. Un drame sérieux, sans humour à 2 balles pour distraire le spectateur de la tragédie qui se joue ou de traitement exagéré à la comics. Le pauvre "héros", élevé dans la tradition catholique, ne retire aucun plaisir dans sa transformation en bête sauvage et préfère même mourir quand il réalise ne pas pouvoir être guéri. Bien triste tout cela mais si beau sur grand écran ! La symbolique présente dans le mythe du loup garou est donc parfaitement bien rendu dans le film.

Cerise sur le gâteau, le maquillage d'Oliver Reed transformé est un des plus réussis dans le genre et ceci malgré l'age du film ! Alors oubliez les Wolf et autres Full Eclipse, si vous voulez voir un bon film sur le sujet c'est vers la Hammer qu'il faut se tourner.
Palplathune
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le 9 oct. 2010

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