La nuit porte conseil...ah non, PAS DU TOUT, la nuit...je l'aime pas

(Oui je me censure sur les titres maintenant)
La Nuit nous Appartient est le film qui a l'honneur d'ouvrir mon cycle James Gray. Un réalisateur qui m’intriguait pas mal puisque son Ad Astra est plus que sympathique. Et c'est vrai que ce We own the Night est à la base de ce cycle puisque c'est celui qui m'attirait le plus : Joachin Phoenix, Mark Wahlberg, (avant j'étais moche dans la tess, aujourd'hui j'plais à) Eva Mendes et un synopsis intéressant à base de mafia et de police. Ce que je peux dire, c'est que si tout le reste de la filmographie de Gray est aussi bien que ce film, je vais passer une excellente semaine. J'ai beaucoup aimé ce métrage qui fait ressortir le talent du réalisateur pour mettre en avant des personnages et des relations humaines tout en proposant de bonnes péripéties à côté. J'étais même prêt à mettre 9 (le cinquième de cette année) mais la hype est un tout petit peu retombée, mais bon, 8 + <3 c'est déjà très bien, surtout que c'est un gros 8 de cœur.


Ce qui m'attirait beaucoup donc, c'est le casting du film. Après avoir fait la connaissance de Phoenix dans Joker (comme ¾ de la population) puis l'avoir vu dans Gladiator, j'ai conclu que c'était un très bon acteur pour lequel il faut absolument que je me penche sur sa filmographie. Ça tombe parce qu'il a l'air de bien s'entendre avec Gray et dans ce film, il livre une excellente prestation. C'est vrai que c'est un acteur qui sourit peu mais ça le rend excellent dans les rôles sombres comme celui ci. Que ce soit dans la tristesse ou dans la colère, il transmet très bien les émotions et il a un certain charisme je trouve. Mark Wahlberg, aaah, j'aime beaucoup cet acteur qui a une meilleure filmographie qu'on pourrait croire et qui est un excellent comédien dans Les Infiltrés, son meilleur rôle avec No Pain no Gain. Quel plaisir de le voir ici donc, je le trouve une fois de plus très bon dans son rôle. Eva Mendes, bon rien d'exceptionnel mais ça fait quand même plaisir de la voir...on s'est compris hein. Alex Veadov a une bonne tête de méchant mais bon, je n'ai pas grand chose à dire sur le reste du casting, il repose essentiellement sur Phoenix et Wahlberg (un peu moins).



Attention spoilers



Ces acteurs incarnent des personnages très bien écrits. Ces derniers ont tous une évolution marquante, évidemment, plus Bobby que les autres. Bobby Green est un gérant d'une boîte de nuit qui n'a pas l'air d'être bien dans sa vie. En effet, il se drogue et il ne s'entend pas bien avec sa famille entre son père qui ne cesse de lui faire des reproches sur son travail, qui ne se cache pas de préférer son autre fils et son frère qui en raison de son boulot, a des intérêts contraires à ceux de Bobby. Seules personnes qui s'attachent à lui et à qui il s'attache : Amada, sa copine qu'il a dû rencontrer dans la boîte et avec qui il se sent bien et ressent de l'amour et ses employeurs qui sont comme sa deuxième famille, qui n'hésite pas à accepter sa proposition d'une nouvelle boîte à Manhattan. En plus des personnages, c'est surtout les relations entre eux qui vont évoluer et prendre une autre tournure, à partir d'un événement : Joseph Grusinky, le frère de Bobby, va se faire tirer dessus. On découvre alors un Bobby qui s'inquiète pour la vie de son frère, qui va chercher à le venger. Après avoir réussi sa vengeance, son père découvre que son fils est prêt à prendre des risques pour sauver l'honneur de son frère et va commencer à l'apprécier un peu plus, il va même le défendre quand son frère lui fait des reproches. Toujours dans l'optique de la relation père-fils, suite à la mort de son père, Bobby va se décider à intégrer la police dans le seul but d'attraper le méchant pas beau qui a commis le meurtre. Bobby va même mettre de côté sa copine, il va la laisser partir pour mieux se concentrer sur la traque au criminel. A la fin du film, on a donc : un père qui est devenu fier de son fils et un fils qui accorde finalement plus d'importance à sa relation avec son père qu'à sa relation amoureuse. Je vais confirmer ça dans les prochains jours mais j'ai bien l'impression que le thème du père est un sujet qui touche beaucoup James Gray. (Après un rapide renseignement, j'ai appris que la famille de Gray est russe, donc déjà ça explique l'origine des méchants, qu'elle a fuit la guerre civile et que son père a eu du mal avec son travail...AH et sa mère meurt quand il a 19 ans). Du coup, je pense qu'on a droit à un hommage dans ce film puisque Bobby a choisi de prendre le nom de sa mère, ce qui crée une double logique : celle de l'hommage et l'idée que Bobby renie son père (et vice-versa) au début. Autre relation importante du film, la relation fraternelle qu'entretiennent Bobby et Joseph. Il est clair qu'au début du film, les deux se détestent, ils en viennent aux mains dans un commissariat donc je pense qu'on peut affirmer sans problème qu'entre eux c'est pas la joie. Autre chose qui montre parfaitement l'opposition entre les deux : l'un accepte les dealers dans son club et achète sûrement leur marchandise l'autre est flic. Vous avez compris, au fil du film, les deux vont apprendre à s'apprécier et à découvrir qu'ils ont besoin l'un de l'autre. Déjà, Bobby cherche à venger son frère, il va devenir policier, le fait qu'il ait le même métier que son frère les rapproche encore plus. Ils vont ensuite coopérer pour coffrer Vadim et à la fin, les preuves finales qu'ils sont au meilleur de leur relation : lors du discours final, Bobby est appelé par le nom « Grusinsky », le même que celui de son père et de son frère, il accepte d'avoir le même nom de famille qu'eux et donc les reconnaît comme sa réelle famille et enfin, le « Je t'aime » de Joseph adressé à Bobby, ce à quoi ce dernier répond « Moi aussi ». En parallèle à ça, on découvre que les gens que Bobby considérait comme sa famille sont en fait des *. La Nuit nous Appartient est donc un film qui aborde les relations paternelles et fraternelles de manière intelligente, de manière plus subtile qu'un simple : « la famille c'est bien, je ferais tout pour ma famille ».


Le métrage nous plonge dans un New York des années 80 sombre. Le ton du film est très sérieux, presque aucune place n'est laissée au rire et à la pleine joie. Gray dépeint une ville envahit par le trafic de drogue et nous immerge dedans avec un style réaliste et brutal. On a par conséquent droit à de la violence physique mais aussi psychologique. Cette dernière est moins présente c'est vrai mais quand même, tout le film est sous tension, tout le monde est inquiet, personne ne se sent en sécurité et on a un passage qui illustre parfaitement ceci : lors du climax, Joseph tombe et revoit les images de son agression, agression qui l'a réellement traumatisé (normal aussi). J'en viens donc à parler de deux scènes particulièrement intenses :
-La séquence dans le labo, durant laquelle Bobby doit récolter des informations sur le trafic de Vadim. Évidemment, tout ça va mal tourner. Cette séquence atteint des sommets en terme de tension, celle ci causée par le côté menaçant de Vadim et quelques plans sur des personnages avec des armes à feu ou encore un personnage qui range et sort un couteau de sa manche. On s'inquiète vraiment pour le destin du protagoniste. Et quand tout explose, c'est une explosion de violence avec du sang qui gicle d'une gorge, un crâne détruit suite à un impact de fusil à pompe et autres joyeusetés. Bref, une excellente scène qui m'a laissé sur les fesses.
-La « poursuite » sous la pluie durant laquelle Vadim prend d'assaut un convoi de police dans lequel se trouvent Bobby et son père. Ce qui marque tout d'abord, c'est la surprise puis après c'est de voir que les méchants sont bien armés. Pour qu'on se sente impliqué dans la scène, James Gray va faire beaucoup de plans à l'intérieur de la voiture de Bobby et des gros plans sur son visage. On se sent ainsi plus proche du protagoniste et on s'inquiète encore plus pour lui, surtout qu'à l'arrière, il y a Amada qui ne cesse de crier.
Tout ce que je regrette en fait, c'est le climax, une fusillade qui manque de punch, c'est dommage.


Pour conclure, c'est un excellent film qui me met en pleine confiance pour le reste de la filmographie du réalisateur. Une œuvre bien mise en scène, qui raconte quelque chose, dans laquelle on est impliqué, qui possède un bête de casting, qui a une ambiance pesante, bref, c'est du très lourd, et c'est mieux qu'Ad Astra pour moi :D. 8/10 + <3

BestPanther

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7
2

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