Bonjours aspirants cinéastes, découvrez dans ce cours comment faire pour pouvoir encore payer ses factures quand on est un réalisateur en voie de ringardisation avancée (ce qui vous arrivera plus tôt que vous ne le craignez...)

Première partie : adaptez un livre de Stephen King.
Lorsque vous pondez un chef d'oeuvre que les cinéphiles adorent mais les financiers beaucoup moins après quelques semaines d'exploitation (Barry Lyndon ou The Thing par exemple), Stephen King est la poule aux oeufs d'or. Il vous permettra de retrouver un budget et un succès public (ou pas...).
Mais évidemment adapter un pavé de quelques centaines de page nécessite quelques ajustements :
- on élague les personnages secondaires (à peine une rapide présentation et plus tard tu meurs...)
- on simplifie l'histoire à la gémellité morale de l'écrivain : le gentil chef de famille contre l'aventurier psychopathe, en abandonnant l’ambiguïté du héros. Ce manichéisme doit être beaucoup plus marqué que dans le livre, ce qui peut laisser croire à une adaptation de Dean Koontz. N'oubliez pas que pour le public américain il faut bien montrer que le père de famille WASP est le gentil.
- on filme les scènes d'horreur en fonction du budget. Ce n'est pas parce que l'on a fait des films comme Zombie qu'il faut forcément représenter chaque meurtre, voir même montrer un cadavre. Juste le faire annoncer par le tueur au téléphone peut se révéler très judicieux pour le comptable (n'hésitez pas à vous faire un ami de celui-là!).
- on fait un max d'ellipses (pas seulement les scènes de meurtre mais des dialogues importants, l'enlèvement de la famille, ...) pour arriver aux 2 heures de métrage.
- sinon on est pas Kubrick : on filme le chapitre 1, puis le 2, etc. En dehors des règles précédentes, ce n'est pas la peine de faire travailler son cerveau à changer quelque chose, comme y insérer de nouvelles idées ou une vision personnelle. Si l'écrivain peut se permettre d'écrire dans ses préfaces à quel point il gagne beaucoup d'argent c'est forcément lui le cerveau et vous le tâcheron.

2ème partie : Soyez chébran.
Lorsqu'on est d'un âge avancé, il faut le cacher en singeant la jeunesse actuelle. C'est surtout vrai dans l'industrie cinématographique qui est celle du paraître. Heureusement pour les anciennes gloires, il existe des gadgets publicitaires comme la 3D ou les CGI.
Les CGI permettent de représenter n'importe quelle aberration mystique à tendance deus ex machina de l'auteur (comme une volée d'oiseaux "psychopompes"). Il suffit d'incruster à la va-vite tout plein de silhouettes de chauves-souris, de rajouter un bruitage, et parfois (mais c'est très rare) de faire un gros plan d'oiseau et l'illusion sera parfaite! Je vous le garantis.

Le cours de la semaine prochaine : comment revenir dans le coup n'aura pas lieu. Cela fait 20 ans que je n'arrive pas à trouver comment me sortir de cette situation.

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le 30 janv. 2014

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Jibest

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