Blake Edwards a toujours manié la comédie avec sérieux, c'est à dire qu'il peaufine chaque situation comique, chaque gag est étudié, il a toujours su glisser de l'humour dans ses comédies dramatiques, mais ici, il atteint le sommet dans le burlesque destructeur (la mousse dans la piscine, la scène du repas, la scène des toilettes), la construction comique, l'absurde des situations et le gag au premier degré... il retrouve l'efficacité du burlesque muet, d'ailleurs les dialogues n'ont aucun intérêt, tout est fondé sur le visuel. De cette façon, on mesure encore mieux l'ingéniosité de la mise en scène et son habileté à frôler le vulgaire (la longue séquence des toilettes) pour mieux en triompher par la légèreté et l'élégance.
Et quand Edwards a un acteur comme Peter Sellers à sa disposition (avec qui il a lancé la série des Panthère rose), on mesure aussi la portée que ça peut avoir, c'est probablement une apogée dans leur collaboration, fondée sur cette verve comique et l'avalanche de catastrophes hilarantes. En même temps, c'est une satire des soirées mondaines hollywoodiennes où tout n'est que superficiel et rempli de gens snobs qui s'écoutent parler pour ne rien dire, mais c'est accessoire, l'essentiel réside dans le comique.
Hrundi V. Bakshi, cet Indien (engagé par un studio dans un remake de Gunga Din, petit clin d'oeil au passage) qui surgit par erreur dans ce monde factice, multiplie bévue sur bévue, Sellers y trouve son meilleur rôle en dehors de celui de l'inspecteur Clouseau, presque aussi gaffeur, mais ici c'est poussé peut-être encore plus loin, même si la star se fait voler la vedette dans une scène, celle où Steve Franken en loufiat ivre est maltraité par un maître d'hôtel irascible, ce qui prouve que Edwards joue sur tous les tableaux : tout le monde est source de gags, et pas seulement l'acteur central, qui sert de fil conducteur. Une perle de la comédie burlesque américaine.