Un hommage magnifique à l'oeuvre de Van Gogh... et surtout une belle histoire

Ecrit et réalisé par Dorota Kobiela et Hugh Welchman, le film "La passion Van Gogh" est un véritable tour de force technique et, surtout, une très belle histoire et un hommage magnifique à l'oeuvre du peintre.


Un peu de technique d'abord: réalisé en rotoscopie, le film s'articule autour de 65.000 dessins et peintures entièrement réalisés à la main par un peu plus d'une centaine d'artistes à la fois peintres et animateurs. Cette grand équipe supervisée magistralement par Piotr Dominiak.


Bien au-delà d'une "simple" animation-hommage de quelques toiles classiques, démarche parfois réussie ou ratée à travers des courts, les réalisateurs vont avant toute chose nous raconter une histoire.


De façon fort étonnante d'ailleurs car le personnage que nous suivons, Armand Roulin, n'est pas très emballé par sa mission : aller porter une lettre retrouvée dans les affaires de Vincent Van Gogh à Théo, le frère de celui-ci. Mission imposée par son père, le facteur/maître de poste Joseph Roulin.


Vers Paris d'abord puis dans le village d'Auvers-sur-Oise, où est mort Van Gogh, son périple se transforme en enquête policière et d'un simple intérêt poli, Armand devient petit à petit obsédé par les circonstances et les événements qui ont précédé le décès du peintre.


Le spectateur suit donc ce personnage pour comprendre, à travers des conversations et des rencontres, enrichies de très beaux flash-backs visuellement magnifiques, les motivations du peintre, ses rapport ambigus avec son frère Théo ou avec l'étrange docteur Gachet, son thérapeute et ami.


Actrices et acteurs redessinés et intégrés dans des superbes décors inspirés par l'oeuvre et le style de Van Gogh, sont réellement sublimés par ce récit à la fois drôle, léger et mais aussi poignant et nostalgique.


On passe très vite outre le parti pris graphique, évident dans cette démarche - par ailleurs parfaitement réussi - et on se laisse transporter avec intérêt et émotion à travers les événements qui mènent vers l'inéluctable fin du peintre. On y découvre son rapport aux autres, sa piètre estime de soi-même, le rejet et l'incompréhension mais aussi de la tendresse et de l'admiration. Tout autant l'histoire que l'immense hommage nous touche et nous émeut. On en ressort heureux d'avoir découvert une biographie originale, subtile, mise en scène par des artistes pour un artiste, le fondateur de l'art moderne.


Le film remporta le prix du public au festival d'Annecy 2017.

PhilippeGoderis
8
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le 13 févr. 2018

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