1915, c’est la guerre en Europe et un tout nouveau domaine pour se faire massacrer commence à voir le jour : le ciel. D’un côté comme de l’autre, les as des as s’affrontent dans un ballet encore balbutiant où les missions de surveillance semblent encore garder la haute main et où les possibilités de bombardements ne sont pas encore utilisées au maximum. Les combats aériens se font avec deux petites mitrailleuses, la DCA se fabrique parfois à partir d’une roue de chariot renversée et les pilotes poussent encore leur élégance cavalière jusqu’au port de la culotte de cheval.

Les Anglais envoient ici presque tous les matins à l’aube leurs escadrons hâtivement recomposés par l’arrivage régulier de novices de plus en plus jeunes et inexpérimentés, chair à coton presque certaine que l’encadrement de deux ou trois barbons des airs ne peut suffire à ramener intacts après la mission.

L’histoire a lieu presque exclusivement à la base des britons, il y a finalement très peu de combats aériens représentés, c’est la petite vie de garnison, les beuveries au mess en chantant les morts du moment, les engueulades avec en tampon entre l’état-major et les pilotes un chef désespéré à l’idée d’envoyer jour après jour ses hommes à la mort sans même avoir le droit de les accompagner avec panache…

C’est une succession régulière des mêmes événements revécus deux, trois fois, les postes changent, les gamins aussi, le baron von Richthofen est le roi des airs et la compétition prend des allures de compétition sportive un peu désuète qui ne laisse guère de place aux haines et fanatismes qui viendront bien assez tôt, le jeu est déjà assez mortel comme ça, tâchons de le pratiquer avec élégance.

C’est le remake d’un film de Hawks sorti huit ans plus tôt et dont on me dit beaucoup de mal, c’est vrai qu’il faut une tendresse particulière pour les histoires d’aviateurs, c’est un peu le film fétiche de Charlier et Hubinon, et ici le casting sauve beaucoup de chose : Errol Flynn, David Niven, Basil Rathbone, Donald Crisp, Barry Fitzgerald, Melville Cooper… les jeunes premiers fringants et les vieilles trognes, tous parfaits, ça en donne soif, c’est aussi drôle que grave, charmant en quelque sorte… Nous sommes en 1938, les années qui viennent vont renvoyer à la préhistoire les combats de gentlemen dans leurs maquettes en bois et en papier, la guerre industrielle commence, les petits îlots d’hommes bidouilleurs, hâbleurs et rigolards n’y auront plus jamais leur place.
Torpenn
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le 9 mai 2014

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Torpenn

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