Little Big Girl

1976 restera une belle année pour Jodie Foster qui du haut de ses 14 ans se retrouve à l'affiche de Taxi Driver de Scorsese , Bugsy Malone de Alan Parker et du moins connu mais tout aussi réussi La Petite Fille Au Bout du Chemin du réalisateur suisse Nicolas Gesner . Bien que le film ai reçu un Saturn Award du meilleur film d'horreur et que son affiche évoque un peu un univers surnaturel, La Petite Fille Au Bout du Chemin s'inscrit plutôt dans un univers hybride entre le thriller , le drame et la romance adolescente.

The Little Girl Who Lives Down the Lane raconte l'histoire de Rynn Jacobs une jeune fille de 13 ans qui vit quasiment seule dans une immense maison en location avec un père poète toujours absent ou trop occupé à écrire. La jeune fille doit faire face aux incessantes visites de la propriétaire et de son fils étrange ainsi qu'à leurs demandes de plus en plus insistantes et suspicieuses de rencontrer le père de la jeune fille. Avec l'aide d'un jeune garçon Rynn Jacobs va tout faire pour protéger son intimité et son indépendance.

La Petite Fille au Bout du Chemin est un film qui s'appuie sur une atmosphère étrange avec cette gamine trop seule, trop indépendante et qui fait preuve avec une certaine froideur de bien trop d'aplomb pour être tout à fait honnête du haut de ses 13 ans. Jeune, libre et indépendante malgré son jeune âge, la gamine va devoir faire face à des adultes représentant divers dangers et autorités propres à contraindre son étrange mode de vie . Entre une propriétaire intrusive et maniaque souhaitant remettre la gamine droit sur le droit chemin comme toutes petites filles respectables, un flic plutôt sympathique mais représentant l'ordre, la loi et les règles et un jeune homme (le fils de la propriétaires) aux penchants plus que douteux pour les petites filles se tisse une étrange et lourde atmosphère. Le film pourra même se voir comme une œuvre militante sur la condition de la femme dans laquelle se dessine une confrontation entre la liberté bohème, indépendante de la vie de cette jeune fille et des convenances morales et sociales lui imposant de se fondre dans un moule dans lequel nulle fille ne peut vivre sans une autorité patriarcale visible tout en devant "accepter" d'être la victime potentielle de prédateurs sexuels.

Si le film ne brille pas par la mise en scène peu inspiré et plutôt télévisuelle de Nicolas Gessner en revanche The Little Girl Who Lives Down the Lane baigne dans une ambiance froide et lourde portée par la mélancolie d'une très belle bande originale. Jodie Foster fait preuve d'une formidable maturité du haut de ses 14 ans avec ce personnage étrange et fascinant qui semble constamment sur le fil entre l'innocence de l'enfance, les pulsions adolescentes et le pragmatisme froid d'une adulte manipulatrice et déterminée. On retrouve également au casting Martin Sheen qui incarne donc un inquiétant charmeur sadique très porté sur les jeunes filles et le chanteur Mort Schuman très convaincant en flic un peu nounours et bienveillant. Les quelques scènes entre Jodie Foster et Charlie Sheen sont des grands moments d'intensité dramatique , de pesanteur psychologique et de tension sexuelle malsaine. Il faut également saluer Scott Jacoby dans le rôle de Mario, un adolescent magicien et boiteux qui va tomber amoureux de Rynn et tenter de la protéger.

La Petite Fille au bout du chemin est un film qui mérite d'être redécouvert ne serait ce que pour son atmosphère lourde et la qualité de son interprétation. On est très loin du film d'horreur avec la gamine blonde et démonique que semble suggérer l'affiche mais dans le registrer du thriller psychologique le film est un belle réussite.