La Petite Sirène
6.4
La Petite Sirène

Long-métrage d'animation de John Musker et Ron Clements (1989)

A l'aube des années 90, Disney est dans une mauvaise passe, rongé par des luttes intestines et par le succès bien timide de ses dernières productions. Cherchant son public, expérimentant à tout va, le studio aux grandes oreilles peine à offrir à son public un "Bambi", un "101 dalmatiens", un "Mary Poppins" ou un "20 000 lieues sous les mers". Une décennie de vaches maigres qui donnera pourtant naissance à des oeuvres intéressantes et injustement boudées, comme "Taram et le chaudron magique", "Basil, détective privé", "Tron" ou encore "Le dragon du lac de feu". Avec cette adaptation du conte d'Andersen, Disney va faire un retour fracassant aux affaires, entrant à nouveau dans un (court) âge d'or placé sous le signe du formatage et du marketing.

Personnellement, je n'ai jamais été un grand fan de "La petite sirène", récit bien trop girly à mon goût et manichéen, à base de jolie princesse découvrant un monde nouveau pour les beaux yeux d'un... prince. Mais il faut bien admettre que, même s'il accuse désormais son âge, révélant une poignée de défauts technique, le film de John Musker et Ron Clements offre un bel écrin au conte originel, l'animation bancale des dernières productions en date ("Oliver et compagnie", si tu m'entends...) laissant la place à une beauté formelle indéniable, rendant l'océan encore plus fascinant et menaçant qu'il ne l'est déjà à mes yeux.

On découvre un univers aquatique intriguant (à défaut d'être véritablement exploité) et des personnages attachants, qu'il s'agisse d'Ariel, héroïne craquante et déterminée dans la plus pure tradition Disney, ou Sebastian, crabe à cheval sur les traditions et Eureka, goéland complètement à la masse. La méchante en titre, Ursulla, est quant à elle cruelle et maléfique, parfaitement dans le ton.

On se laisse plus ou moins porter par les désirs d'évasion d'Ariel, par des chansons entraînantes, par une visions assez sombre des fonds marins et surtout, par quelques petits détails, comme le mouvement poétique et fascinant des cheveux d'Ariel ou celui, plus troublant, des tentacules d'Ursulla. Dommage que l'intérêt retombe dès l'instant où l'héroïne découvre le monde des humains, la faute essentiellement à des protagonistes incroyablement fades, en premier lieu le prince lui-même.

Heureusement, le film s'achève sur un climax limite terrifiant et qui devrait ravir les amateurs de films de monstres géants, achevant de faire de "La petite sirène" un classique peut-être un peu galvaudé, surtout reconnu pour son succès commercial, mais qui regorge tout de même de qualités bien présentes, la première étant sa capacité à faire rêver les petites filles.

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le 24 avr. 2014

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Gand-Alf

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