Aujourd’hui, La Piscine est devenu un film culte bien que, souvent, non-vu. Paradoxe ?! Des images, des histoires, des fantasmes gravitent autour de ce film et se suffisent pour lui permettent d’exister.
Une mythologie née : des acteurs sublimés dans un paysage paradisiaque, inatteignables tels des Dieux et pourtant leur histoire fictionnelle embrasse la réalité ce qui séduit l’humble spectateur voyeur. Delon, gravure magnifié au bord de la piscine retrouve Romy Schneider : une histoire d’amour, une histoire de cinéma ; tandis que Jane apparaît sur les écrans français sous l’oeil inquiet de Serge Gainsbourg qui se méfie des ravages de Delon.

Tous ces éléments semblent écraser le film et l’effacer. D’ailleurs on se demande pendant les premières minutes l’intérêt même du film : encore de belles images de Delon, une énième anthologie de sa personne… Mais très vite le spectateur comprend que non et que Delon est bien plus qu’une égérie de grandes marques : c’est un grand acteur.

Au-delà du mythe populaire, La Piscine est avant tout un film, un véritable thriller psychologique. Jean-Paul (Alain Delon) et Marianne (Romy Schneider) incarnent, au premier abord, un couple heureux, pleinement épanouie, évoluant sur les collines de St Tropez. Coupés de tout ils vivent l’un avec l’autre, l’un sur l’autre dans un univers aseptisé qui semble convenir plus à l’un que l’autre. Jean-Paul voit sa bulle éclater à l’arrivée d’Harry et sa fille. Peu à peu il se retranche sur lui tandis que Marianne semble apprécier cette bouffée d’air. Selon le schéma narratif, Harry se veut être l’élément perturbateur. Son arrivée éveille des changements dans les relations entre les deux protagonistes et semble faire ressortir une certaine noirceur dans le personnage de Jean Paul qui se veut de plus en plus méfiant et jaloux.

Sujet classique : la jalousie dans le couple, l’arrivée d’un présumé ancien amant qui réveille un passé renfloué. Le génie de Deray et de mettre tout cela en place l’air de rien et de le faire fonctionner par le jeu des acteurs qui sont détournés des attentes habituelles. Romy Schneider loin d’être une femme désabusée comme dans Sissi, dévoile une intelligence qui démontre qu’elle est la véritable meneuse de l’histoire. De même le personnage de Birkin présentée comme une ingénue de 18 ans se révèle loin d’être innocente et prude. Maurice Ronet (Harry dans le film) plus discret que Delon, est ici l’homme qui le surpasse, l’impressionne (par sa voiture et ses conquêtes) et donc le rend jaloux. Lui qui semble tout maitriser est en fait le plus fragile et derrière sa gueule d’ange montre les vices du diable.

L’esthétique impeccable du film semble être le reflet du personnage de Jean Paul. D’allure lisse , le paysage cache de nombreuses failles et c’est dans la piscine lieu de tous les plaisirs que le pire va être commis. « Pleased to meet you , hope you guess my name », cet extrait de Sympathy for the Devil des Rolling Stones, semble être clé de l’énigme…

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Auteur : Manon
LeBlogDuCinéma
7
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le 6 mai 2013

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