J’avais déjà eu l’occasion, il a fort, fort longtemps (sûrement dans une galaxie très lointaine), de voir une première fois La planète au trésor des studios aux grandes oreilles et je n’en avais pas gardé un souvenir mémorable. Ayant eu une soudaine envie de le revoir, j’ai profité des dernières semaines de mon abonnement Disney + pour m’y pencher.
Et je comprends mieux pourquoi ma mémoire me faisait tant défaut (un peu à l’image de ce robot doublé par Lorant Deutsh qui s’avère malheureusement plus crispant qu’amusant).
L’idée générale est bonne : reprendre la trame de L’île au trésor de Robert Louis Stevenson pour la transposer dans l’espace, je dis « pourquoi pas ? ». L’espace à l’heure actuelle s’apparente assez facilement à ce que devaient être les océans à l’époque de l’écriture de ce bouquin : de vastes étendues inexplorées regorgeant autant de fascinants mystères, de précieuses trouvailles que de redoutables dangers. Si on accepte le fait que tout ce petit monde puisse respirer dans le vide spatial, tout ça reste parfaitement valable de mon point de vue.
De la même manière, la technologie développée dans cet univers mérite le coup d’œil, tant pour les méthodes de navigation que pour le système des portails, en passant par les extensions mécaniques de Silver, la carte ou simplement ce livre de conte holographique qu’on aimerait tous avoir dans notre bibliothèque. Sincèrement, le service Recherche et Développement de chez Mickey s’en est donné à cœur joie et on en prend plein les mirettes.
Mais voilà, l’enchantement s’arrête un peu là pour nous, spectateurs. Car, pour une raison qui m’échappe, l’équipe à l’origine de cette œuvre a décidé de porter son histoire à la fois sur de la bonne vieille 2D qui fait chaud au cœur et de la 3D moisie qui pète les yeux à chaque fois qu’elle apparaît à l’écran. C’est-à-dire : tout le temps. Pourquoi les réalisateurs n’ont pas lissé davantage ce mélange et nous éviter ainsi la fracture rétinienne ? J’aimerais bien avoir cette réponse. La planète au trésor est sorti en 2003, mais cela faisait des années déjà que Disney employait la 3D pour réaliser certaines scènes de ces films compliquées à faire en 2D (c’était le cas dans Le Roi Lion, dans La Belle et la Bête, et – plus vieux encore – Basil, détective privé). Et c’était mieux incrusté que ça ne l’est ici.
Surtout que, non seulement la 3D n’est pas terrible, mais la 2D ne l’est pas forcément beaucoup plus. A plusieurs reprises, j’ai froncé les sourcils et serré les dents devant la mocheté de certains plans où il y a clairement des soucis de proportions. D’autant plus qu’il manque ce petit quelque chose pour qu’on croit à toutes ces bestioles. Entre le manque de finitions, les repompes d’autres films (il y a un des pirates qui est indubitablement une reprise du créateur de Stitch) et le fait qu’ils n’aient pas d’autres congénères (là, hormis la famille de grenouilles, ils ont tous l’air d’être en un seul exemplaire), c’est difficile d’accrocher à l’univers.
Et puis, quelque part, on s’ennuie aussi. L’histoire est prévisible et les personnages sont peu intéressants. Comme on anticipe chacune de leurs actions, qu’on devine les « surprises » à l’avance et que les trois-quarts d’entre eux n’ont pas d’identité (ou des noms tellement imprononçables qu’on les oublie), les protagonistes en deviennent rapidement insipides et on bâille.
En bref, j’ai mis 5 quand même parce qu’il y a plein de bonnes idées et qu’en plus, il n’y a qu’une seule chanson (c’est sûr que ça ne fait pas vendre des CD, mais c’est comme ça que j’aimerais voir plus souvent des Disney), mais c’est généreux compte tenu du chef d’œuvre que cette aventure aurait pu être.