La Planète des singes - Les Origines par Francis Janvier
Difficile de faire mieux que le chef-d'oeuvre de 1968 lorsqu'il s'agit de raconter avec intelligence le récit dystopique de Pierre Boulle, l'univers pouvant trop facilement servir à construire de la science-fiction bas-de-gamme ultra hollywoodienne, ce qu'a par ailleurs fait Tim Burton. À ce niveau, le film de Ruper Wyatt s'en tire pas trop mal, renouant avec le discours politique original tout en étant un blockbuster avoué ne sacrifiant pas le côté épique qu'a pu apporté le film de Burton. Ce qui est premièrement intéressant avec cette réinterprétation des origines de la Planète des Singes, c'est le fait que le message sociopolitique, et donc la réflexion qu'elle apporte, ait été complètement actualisé. Si la menace de la bombe atomique était bien réelle à l'époque de la sortie du film de Schaffner, il en est tout autre aujourd'hui, il incombait donc de modifier les "origines" de l'ascension des singes. On se tourne ainsi à présent vers les technologies de pointe, la pharmacologie et l'éternelle question de l'éthique scientifique, le "se prendre pour Dieu", ce thème si cher à Michael Crichton. Ainsi, comme dans Jurassic Park, c'est la folie des grandeurs de l'homme qui le conduit à sa perte, à son autodestruction. À cela s'ajoute toujours le questionnement sur la maltraitance animale, plus précisément les cobayes de laboratoire : la critique est ainsi beaucoup moins subtil, mais surtout incomplète, le film d'origine (et le roman sans doute) s'attardant sur toutes les sphères de la condition animale. L'essence du récit de Pierre Boulle reste donc intact, judicieusement actualisé, prenant un sens différent mais tout aussi percutant. Malheureusement, il s'agit aussi d'un blockbuster et les batailles dantesques auront tôt fait de masquer presque complètement toute prétention intellectuelle. C'est divertissant et bien filmé, mais le déroulement du film va beaucoup trop vite pour que ces scènes aient une réelle portée (il aurait fallut au moins 30 minutes de plus... quand on pense que des trucs comme Pacific Rim en ont à revendre, des minutes, on se demande pourquoi les vrais films intéressants sont si courts/sous-développés). Et bien sûr, Andy Serkis est formidable, même s'il est moins convaincant que dans les rôles de Gollum et King Kong, la faute à un CGI dégueulasse qui donne pas du tout l'impression qu'on se trouve devant de vrais singes. Même le King Kong de Jackson semblait plus réel...