En 2011 arrive sur les écrans le premier film préquel et crée la surprise : loin d’être un blockbuster bourrin qui caractérise tant de ses confrères, « la planète des singes : origines » avait pris son temps pour mettre en place la situation, et surtout était parvenu à développer son héros non humain (incarné par le talentueux Andy Serkis grâce à la performance capture) et à la rendre tout aussi charismatique et intéressant qu’un humain véritable. Venait ensuite en 2014 un second opus, « la planète des singes : affrontement », intéressant bien qu’un peu convenu. Ce troisième opus, « la planète des singes : suprématie » vient achever la trilogie, épisode qui fera également la transition entre le préquel (commencé par Rupert Wyatt puis par Matt Reeves au second volet) et le classique original.


En voulant développer un médicament miracle, les humains ont non seulement donné l’intelligence aux singes, mais aussi condamné leur propre espèce en provoquant une épidémie mondiale de grande ampleur. A telle point que les humains survivants se sont retrouvés en conflit avec la nouvelle communauté de singes menée par Caesar, dans les décombres de l’ancien monde et une nature retournée à l’état sauvage. L’affrontement était inévitable, tant d’un côté comme de l’autre subsistait des éléments désireux de combattre ce qu’ils considéraient comme une menace, malgré les efforts de Caesar pour éviter tout conflit meurtrier. Après s’être fait écarter par l’un des siens, Koba, emporté par sa haine des humains, Caesar était parvenu à retrouver sa position et ramener l’ordre, tout en repoussant le camp des humains qui les avait affrontés. Mais la menace des hommes n’était pas terminée pour autant, car ces derniers avaient lancé un message de détresse à un camp militaire…


Malgré le caractère ouvertement hostile des humains, Caesar persiste à vouloir montrer des intentions pacifiques. Son espoir était de trouver un refuge hors d’atteinte de l’ancienne espèce dominante. Mais lorsqu’un militaire impitoyable élimine des membres de sa famille, il ne peut plus contenir sa propre haine et s’engage dans une vendetta personnelle. Le spectre de Koba plane toujours sur ce chef, divisé entre ses aspirations pacifiques et ses légitimes envies de vengeance, ses désirs personnels et ses responsabilités envers les siens.
Accompagné par des amis loyaux, il découvre une communauté humaine entièrement régit par un chef impitoyable, qui n’hésite pas à éliminer cruellement ses propres hommes.


Fidèle à l’esprit du premier film, « la suprématie » ne cède pas aux codes classiques des films grands publics (ce qui n’a apparemment pas plu à tout le monde…). Il ne s’agit pas d’un grand affrontement avec forces fusillades et explosions. Non, ce n’est pas ainsi que les singes allaient acquérir leur nouvelle position comme espèce dominante. En effet les humains ont finis par s’entretuer eux-mêmes, et ont continué à décliner par la même cause qui avait fait initialement s’effondrer leurs sociétés.


Une mutation du virus, qui prive les contaminés de parole, et sème la peur et le désarroi parmi les survivants


De crainte de perdre leurs dernières traces de civilisation, les humains se sont avancés plus en avant dans la cruauté, et paradoxalement, sont devenus encore plus sauvages que les singes.


Également, il n’y pas eu de duel final au sommet entre Caesar et son ennemi juré. Certains des personnages du camp des humains dont on aurait pu croire qu’ils allaient changer de camp ne l’ont pas fait, ou n’en n’ont pas eu l’occasion, la guerre ayant prélevé son tribut de mort avant.


Si des scènes de combat ont bien lieu, ce n’est pas filmé de façon à en mettre plein la vue, mais donne plutôt l’impression de souligner le caractère particulièrement dévastateur et mortel de tout conflit armé sur les victimes, à l’image de la scène d’introduction.
En fait, c’est un film qui favorise l’émotion à l’action. Impossible de ne pas être ému par la rencontre avec cette jeune fille humaine malade, que Caesar, encore plein de colère, aurait volontiers laissé à son sort si son ami orang-outan n’avait pas voulu la prendre avec lui. Impossible de ne pas compatir à sa douleur quand il découvre incrédule le sort réservé à son peuple par les humains, ou les tortures qu’il endure pour les sauver.


Pas de manichéisme non plus. On découvre que le machiavélique colonel, que l’on aurait volontiers perçu comme l’incarnation du mal, n’est rien d’autre qu’un homme tourmenté en proie à sa propre folie, et que parmi ses congénères qui le suivent, certains sont trop effrayés pour désobéir aux ordres.


L’image est belle, telle cette nature débarrassée de l’empreinte humaine. Les montagnes qu’habille de neige l’hiver, le soleil couchant étirant sa lumière déclinante en longue trainée rougeoyante, un panorama de désolation glacée qui fait ressortir la souffrance des personnages.


« La planète des singes : suprématie » voit donc l’avènement d’une nouvelle société pacifique, sur les décombres d’une civilisation décadente qui a payé très cher son orgueil et qui a accéléré elle-même sa propre déchéance. Avant, des générations plus tard, que cette nouvelle société se transforme à son tour en civilisation cruelle et arrogante…

Enlak
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le 22 août 2017

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