Chrono Critique - La Planète des Singes: Suprématie (Matt Reves, 2017)

/!\ ATTENTION CETTE CRITIQUE CONTIENT DES SPOILS /!\

Six ans après le premier épisode de cette trilogie consacré à l’univers des Singes, Matt Reves nous livre enfin cet ultime épisode venu clore cette saga aussi époustouflante qu’attirante.

Hanté par la mort de son rival lors du second film et par ses tentatives ratées de stopper la guerre contre les humains, César doit se rendre à l’évidence: son peuple ne pourra pas durer longtemps à ce rythme. Ainsi il faut que son clan parte se réfugier hors de la forêt, mais les humains sont déterminés à mettre fin à la menace simiesque.

Ce troisième épisode de la Planète des Singes se révèle très agréable à regarder. Sous ses premières allures de blockbuster vu et revu, on est très vite pris par l’ambiance du film qui nous plonge parmi les singes dirigés par César pendant la guerre contre les humains.
Le fait de suivre les singes et de voir ses derniers persécutés par les humains est un formidable changement de situation comparé aux anciens films de la Planète des Singes où c’était l’inverse. Ici ce sont les singes qui souffrent, victimes de la violence des hommes qui sont à l’origines de toutes les attaques, engendrant de chaque côté des morts et des blessés. La haine des singes pour les humains ne peux être que renforcée.
Le Colonel, inévitable antagoniste du film, est un personnage aux premiers abords sans aucun charisme réel, il n’est qu’une copie classique d’un méchant militaire sans aucun relief. Mais ce détail, qui pourrait passer pour un manque de professionnalisme du scénariste, pourrait être une astuce car le film semble faire la critique de la société humaine, mais surtout de la religion et de la culture de la personne, une personne admirée mais dont les faits et gestes sont calculés au millimètre près. Car hors de vue de la foule, le Colonel deviens alors un simple alcoolique, un peu violent sur les bords, de par sa rage envers la mort de son enfant, vaincu par une mutation mortelle du gène simiesque.
Tout au long du film se cumulent des indices qui laissent prévoir une possible paix entre les humains et les singes (la petite fille muette vivant avec eux en est l’exemple le plus probant), mais aussi des indices qui montrent que cette paix est impossible (violence physique et verbale des humains envers les singes, la maladie des singes mortelle pour les hommes…). C’est donc un message d’une alliance impossible que nous délivre le film.
Le film a pourtant quelques légers bémols. Tout d’abord, l’utilisation du fond vert pour la pluie est très bien réussie mais le contraste entre la pluie qui tombe et le Colonel qui est tout sec perturbe un peu. Le second problème reviens au moment où la jeune fille entre dans la base et se balade dedans sans se cacher mais surtout sans qu’aucun garde ne la voit même si elle est en pleine lumière. Le dernier soucis repose sur la scène d’évasion des singes où ces derniers, paniqués par la guerre entre deux groupes humains qui fait rage, préfèrent courir dans tous les sens et se faire tirer à vue plutôt que de courir se réfugier dans les rochers.

Cette fin de la trilogie est très intéressant, délivrant une certaine critique de la religion et du culte de la personnalité, ce film se concentre sur des éléments vus dans le premier et le second film pour apporter une réponse à une question que l’on se pose depuis 1963: est-ce que la Planète des Singes est bien la Terre et si c’est vrai, comment les Singes ont dominé la Terre et ont cette haine envers les humains? La boucle est bouclée, les possibilités de paix entre les hommes et les singes sont évoqués, mais des signes semble dire que cette paix est impossible.