Impossible de ne pas penser à « Cube » à la vision de « La Plateforme ». Le chef-d’œuvre inoubliable et totalement renversant pour l’époque de Vincenzo Natali est devenu culte à raison avec le temps et semble indépassable (on parle juste de l’original pas de ses suites bien moins glorieuses). Même principe avec des inconnus enfermés dans un espace clos, des niveaux différents et même mélange des genres avec un côté gore horrifique dissolu dans un film de science-fiction avec peut-être un côté métaphore sociale plus poussé peut-être ici. Il y a aussi un peu de « Snowpiercer » dans cette œuvre mais il est clair que cet essai espagnol n’arrive même pas à la cheville de ses illustres modèles et semble beaucoup moins abouti. Le concept est très bien pensé mais il finit par arriver dans un cul-de-sac.
Donc au début, il est vrai que c’est intrigant voire captivant mais ça tourne vite en rond et plus le film avance plus il nous perd, faute de clés de compréhension jusqu’à un final complètement amorphe qui détruit tout ce que le script avait mis en branle comme pistes intéressantes. Comme un aveu d’impuissance et de vide de la part de l’équipe derrière cette production. Oui la métaphore sociale est là, identique à celle de « Snowpiercer », où l’on perçoit une vision de notre monde avec les riches du haut qui se partagent la plus grosse part du gâteau face aux pauvres mais elle est amenée avec de tels sabots qu’on ne peut dire qu’elle soit révolutionnaire, innovante et encore moins fine. De plus, le côté science-fiction et métaphorique n’excuse pas les errements du scénario et les incongruités comme le déplacement mécanique inexpliqué de cette fameuse plate-forme dans la fosse.
Le fait que tant de pistes soient laissés en branle est frustrant mais donne surtout un goût profond d’inachevé et d’un long-métrage qui navigue à vue. Heureusement, il y a tout de même quelques bonnes idées (malheureusement la plupart inexploitées comme l’Administration), c’est plutôt assez court pour que l’ennui soit évité et l’interprétation est correcte. Et il y quelques séquences bien osées et gore dans une ambiance malsaine mais l’ossature générale est bien trop fragile pour qu’on soit conquis, même pour une production Netflix. Après c’est le genre de film qui divisera clairement entre les adeptes y voyant des choses que d’autres ne distingueront pas contre ceux qui n’entreront pas dans l’absence de logique de « La Plateforme ». On fait partie de la seconde catégorie et les possibles multiples niveaux d’interprétation sont bien trop nombreux et vagues pour convaincre. A la fin, une seule chose nous vient en tête : tout ça pour ça !
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