La Princesse et la Grenouille
6.4
La Princesse et la Grenouille

Long-métrage d'animation de John Musker et Ron Clements (2009)

Disney à l'époque est en pleine crise identitaire, incapable de tenir seul le coup face aux autres studios utilisant l'animation 3D, standard quasiment absolu dans le cinéma d'animation grand public.
Si l'aide de Pixar leur a permis de se remettre légèrement sur les rails avec "Bolt", ils avaient besoin de retourner une dernière fois à leurs fondamentaux, pour pouvoir avancer et retrouver leur propre voie.


Ainsi, "The Princess and the Frog" est le premier film de princesse depuis... "Pocahontas", 14 ans plus tôt, et même depuis "La Belle et la bête" en 1992 pour un modèle plus traditionnel avec la robe et tout le toutim.
Etant donné que c'est un peu la marque de fabrique du studio, il semblait s'agir d'un passage obligé afin de se recentrer, pour retrouver un second souffle.
Après tout, que ce soit via "Cendrillon" ou "La Petite Sirène", ce sont toujours les femmes qui les ont conduit hors des deux précédents âges noirs. Le cycle se répète à nouveau, car on retrouve réellement l'esprit Disney tel qu'on l'a connu à son plus fort dans les années 90.


De plus, ils reviennent à leur technique d'animation qui a fait leur renommée une toute dernière fois (du moins jusqu'à présent), et leur chant du cygne pour la 2D brille de milles éclats. Un vrai festival de couleurs, de mouvements, de beauté de toute part. Ce film est simplement beau, à l'ancienne tout en conservant une ligne moderne dans les traits. Un vrai régal pour les yeux - les bayous n'ont jamais été aussi beaux - et un magnifique au revoir pour cet artisanat, qu'on espère tout de même revoir un jour sous une forme ou l'autre.


Même l'idée de "prier la bonne étoile" fait un retour remarqué dans le film. En effet, on ne manquera pas de noter la présence d'une étoile dans le ciel, un symbole Disney aussi fort que le château de leur logo. Les personnages la prient, lui demandent conseil.. l'un en tombe même amoureux. Il s'agit d'un personnage à part entière, avec même son propre nom.
On appréciera la correction de l'adage qui dit "il suffit d'y croire", en y rajoutant la fin de la phrase, "mais il faut se donner à fond soi-même également pour que ça marche". Certes, on en perd le côté poétique et féerique, mais on y gagne en profondeur bienvenue.


Plus j'y pense, plus je me dis que ce film est un peu un "best of" de tout ce qui a fait le studio, et une petite remise en question dans le même temps.


Niveau rythme et mouvements, pareil, on retrouve clairement la philosophie Disney. Ca bouge, ça danse, c'est fluide, envoûtant même, la plupart du temps.
The Shadowman est un excellent méchant, au look super inquiétant mais avec une certaine "subtilité" derrière, et même sa mort est à l'image de sa vie, même si ses motivations ne sont pas particulièrement intéressantes. C'est lui aussi qui a le droit aux meilleures chansons.

Tiana est superbe, une des plus belles princesses Disney, et une avancée importante pour la représentation dans les films du studio et donc à un niveau mondial. Ses tenues sont superbes et elle est aussi beaucoup plus terre-à-terre dans ses désirs, et indique un léger changement de valeur bienvenu dans les princesses Disney (même si elle retombe malheureusement vite dans les griffes de l'amour à la fin). Notamment en la mettant en opposition avec Charlotte, une fille un peu nunuche dont la tête est remplie de conte de fées et qui ne rêve que d'épouser le prince charmant. Un peu de nuance est donné quand même à cette dernière, lorsqu'elle ne montre que joie à l'idée que son amie se soit enfin ouverte à l'amour, et accepte d'embrasser la grenouille sans rien attendre en retour.


Par contre, le reste de la galerie des personnages va du sympathiquement correct au... bizarre ? J'avoue avoir eu beaucoup de mal avec Ray, et je n'ai pas ressenti grand chose à la fin en ce qui le concerne. Louis m'a amusée, mais sans plus. Quant à Naveen, c'est juste le cas typique du "petit garçon gâté qui n'a jamais rien fait de sa vie et qui a un changement d'état d'esprit en rencontrant quelqu'un de travailleur", ce qui n'est pas si intéressant. Surtout que son changement d'état d'esprit est beaucoup trop brusque et rapide.


C'est un peu ça le problème de ce film. Il semble plus préoccupé par montrer l'esprit du studio qu'il en oublie un peu son récit et la balance globale. Le début commence assez bien, et j'aime beaucoup la confrontation entre le Shadowman et Tiana sur la fin, ainsi que son rêve d'ouvrir un restaurant.
Je regrette cependant que la jeune femme passe autant de temps en grenouille, même si c'est un peu le principe de l'histoire. Il y a aussi un peu trop de chansons qui sont là davantage pour mettre l'ambiance que pour réellement exprimer quelque chose.
Il y a un côté un peu "fouillis" sur la moitié, et les péripéties des deux grenouilles n'a rien de vraiment intéressant ou palpitant. Les ombres sont cools, ainsi que Mama Odie, mais leur impact n'est pas si déterminant que ça.


Au final, "The Princess and the Frog" est un film un peu déséquilibré, parfait d'un point de vue graphique et avec une héroïne et un méchant intéressants, et des chansons entraînantes, même si pas inoubliables. Il lui manque cependant une meilleure balance narrative, ou au moins des scènes assez fortes que pour compenser les faiblesses de l'ensemble.
Néanmoins, on revient avec plaisir dans cet univers coloré après une longue traversée du désert, et à ce moment-là, il ne fait point de doute qu'on attend enfin à nouveau le prochain projet du studio avec une certaine impatience.

Therru_babayaga
7
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le 27 mai 2020

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