La Princesse et la Grenouille
6.4
La Princesse et la Grenouille

Long-métrage d'animation de John Musker et Ron Clements (2009)

Avec la fermeture de leur département d'animation 2D en 2002, les Studios Disney semblaient bel et bien avoir définitivement rompu avec l'animation traditionnelle faite à la main qui avait pourtant fait tout leur succès durant des décennies. Mais ce triste choix ne dura pourtant que 4 ans.
En 2006, suite au départ de Michael Eisner remplacé sur le champ par Bob Iger à la place de PDG de la Walt Disney Compagny, de grands changements secouent la boîte aux grandes oreilles. Et le plus important est la nomination de John Lasseter en tant que directeur artistique chez les Walt Disney Animation Studios. Celui-ci annonce dès son arrivée la reprise de productions animées en 2D dont quelques courts-métrages et surtout: Un nouveau Classique Disney.


Entièrement dessiné à la main (à l'exception de quelques effets 3D et d'images de synthèses pour des décors secondaires), reprenant la formule du conte de Princesse Disney et étant une comédie musicale, le projet d'adaptation de La Princesse et la Grenouille est confié à John Musker et Ron Clements. Leur dernier Classique n'ayant pas attiré les foules (La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers), c'est une occasion pour les réalisateurs de La Petite Sirène et d'Aladdin de "se rattraper" et de prouver au public qu'ils ont toujours leur talent d'antan.


Autant le dire tout de suite, La Princesse et la Grenouille est un film qui me tient énormément à coeur pour tout ce qu'il représente. C'est le grand retour tant attendu de Disney à leurs fondamentaux et la tentative de faire renaître la 2D dans un monde où seuls les films d'animation en images de synthèses se ressemblant tous les uns avec les autres dominent le box-office. Et la plus grande réussite du film est définitivement la manière dont Musker et Clements apportent de la modernité aux codes disneyens tout en les respectant à la lettre.


Le long-métrage est ainsi un parfait mélange qui peut aussi bien satisfaire les nostalgiques des films de Princesses Disney des Anciens Âges d'Or de par ses multiples références aux Grands Classiques (Cendrillon, La Petite Sirène...) et son retour aux sources que les nouveaux spectateurs réclamant de la nouveauté dans le catalogue de la boîte aux grandes oreilles grâce à son évolution dans les représentations des héros Disney et sa construction narrative assez différente des autres oeuvres des deux réalisateurs.


Le contexte du film aide beaucoup à rendre l'histoire plus actuelle et fraîche. Ce n'est pas le fait que l'héroïne soit noire qui a tant fait polémique, c'est sa condition dans le film. L'intrigue se déroulant à la Nouvelle-Orléans en 1912, Tiana, notre nouvelle Princesse Disney, vient d'un milieu défavorisé et se bat pour un objectif totalement différent de celui des anciennes princesses. Le film ne traitera jamais du racisme ou de la discrimination mais plusieurs scènes peuvent y faire écho (les Fenner n'ayant aucun regret à annoncer à la jeune femme qu'elle risque de ne pas avoir le restaurant pour lequel elle a travaillé toute sa vie mais n'oubliant pas de la complimenter uniquement pour ses beignets). Certes, on aurait pu pousser cet aspect plus loin (Tiana et Charlotte étant totalement opposées au niveau racial et social) mais pourtant, c'est présent. On y fait attention et cela apporte une perception assez neuve.


Le personnage de Tiana est ainsi parfaitement écrit et apporte une morale nouvelle aux Classiques Disney qui fait un bien fou. Sa romance avec Naveen, vision égocentrique, narcissique et presque inconsciente du Prince Disney, est une des forces du film. Les deux protagonistes sont très attachants et leur relation très bien développée. Le film mérite le visionnage juste pour eux. Il en est de même pour tous les personnages secondaires hauts en couleur, qu'ils soient humains (l'intimidant badass Docteur Facilier et l'hilarante Charlotte) ou animaux (Louis et Ray, deux comics-reliefs extrêmement drôles).


Afin de retranscrire le mieux possible l'ambiance jazzy de l'époque, c'est Randy Newman qui est appelé par Disney pour composer à la fois la musique instrumentale et les chansons de ce nouveau Classique. Le travail du compositeur est infiniment meilleur que celui sur sa dernière production Disney (la bande-originale insipide de James et la Pêche Géante), les séquences chantées sont en effet follement accrocheuses et mémorables, mention spéciale à "Au Bout du Rêve" magnifiquement interprétée par Anika Noni Rose en VO et par China Moses en VF. Impossible dès lors de ne pas succomber au charme de la Nouvelle-Orléans du début du XXème siècle.


La Princesse et la Grenouille peut pêcher par son rythme trop rapide, ses intrigues un peu trop nombreuses qui ont tendance à s'entremêler les unes avec les autres et sa surcharge de péripéties mais pourtant, on y retrouve une preuve de toute la volonté de John Musker et Ron Clements de redonner ses lettres de noblesse aux Walt Disney Animation Studios.
Car on ne peut pas dire que ce Classique Disney est avare en propositions tant il dévoile pendant 1h30 à chaque scène son envie de retrouver la magie Disney avec laquelle les spectateurs ont grandi.
La Princesse et la Grenouille marque l'une des évolutions les plus importantes des films de Princesses Disney et est selon moi le vrai film qui a lancé la nouvelle Renaissance du studio malgré ses résultats financiers. Il ne faut surtout pas qu'il tombe dans l'oubli à cause de ses scores au box-office tant il mérite sa place de Grand Classique Disney.

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le 7 mai 2016

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Walter-Mouse

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