Les Terres Arides du Texas

La Prisonnière du Desert

Un film de John Ford 

Nous sommes en 1868, au Texas. Trois ans après la guerre de Sécession, Ethan Edwards (john Wayne) revient en ses terres, et retrouve son frère Aaron (Walter Coy) dans le ranch familial. Quelque temps plus tard, il poursuit des voleurs de bétail et trouve à son retour le ranch incendié et Aaron et sa femme Martha(Dorothy Jordan) massacrés par les Comanches. Leurs deux filles Lucy et Debbie ont été enlevées. Ethan se met immédiatement en chasse avec une troupe de rangers et le jeune Martin Pawley (Jeffrey Hunter), que la famille a recueilli et qui avait été trouvé par Ethan dans le désert…

La Prisonnière Du Désert est un western sombre et très complexe de John Ford qui peut compter sur une excellente distribution, sur sa magnifique réalisation et sur un scénario qui se veut profond, joué magnifiquement par john Wayne (La Chevauchée Fantastique, La Rivière Rouge), et Ward Bond (Autant En Emporte Le Vent, La Vie Est Belle) Un sacré casting à l'époque, complété par une belle actrice Nathalie Wood (La Fureur De Vivre, West Side Story), ainsi que Jeffrey Hunter (Le Sergent Noir) et Henry Brandon, à qui Ford attribue un grand rôle (grande figure redoutable et altière de chef indien dans le film) et acteur allemand qui sera réutilisé par Ford ailleurs, et aussi par Aldrich dans (Vera Cruz).

Commençons par l'immense, John Wayne, une nouvelle fois exceptionnel dans ce personnage, Ethan Edwards, profondément raciste, soupe au lait, ennemi implacable de toutes les tribus indiennes, mais plus particulièrement des Comanches. Il représente un des portraits hallucinants de la fureur aveugle et gratuite, il nous montre une vision brute et terrifiante des sombres hommes qui ont colonisé les plaines, je l'ai trouvé sublimissime dans son rôle, un grand acteur ce monsieur.

Il impose devant la caméra, on sent sa puissance dans son personnage qui est hanté par ses vieux démons et qui veut se venger définitivement de ces indiens. Vous verrez aussi que son rôle est rempli d'énigmes, on ne connaît pas vraiment cet homme, était il un bandit ? un héros de la guerre ? tout ce qu'on sait de lui est la seule chose qui crève l'écran, sa haine des indiens, il en connaît toutes les coutumes et ruses pour les détourner (il va même jusqu'à tirer une balle dans les yeux d'un cadavre indien, pour que le mort erre éternellement dans les limbes et n’accomplisse pas son voyage).Il incarne à merveille ce personnage sombre et complexe.

Un homme marginal qui a perdu la guerre aux côtés des confédérés, sa « famille » est en fait celle de son frère, il refuse de prêter serment aux rangers, et s'oppose à tous les hommes qu'ils trouvent au travers de son chemin.
Un homme capable d'atrocité pour arriver à ses fins comme « tuer des bisons pour que les indiens ne s'approvisionnent pas ».Un personnage ambigu et sombre campé par un John Wayne des grandes heures.

Pour jouer le compagnon de route de Wayne, Ford choisit le jeune Jeffrey Hunter en Martin Pawley, qui lui incarne l'opposé de Wayne, il est un blanc métissé avec un peu de sang indien, son rôle présente aussi le côté amour et innocent du film, très bien joué aussi par Jeffrey Hunter.
Pour le reste de la distribution qui est remplie d'excellents seconds rôles comme Ward Bond, incarnant le pasteur chef des rangers, lui interprète le côté ironique et sympathique du film tout en symbolisant l'autorité.Ainsi que Henry Brandon le chef indien qui a enlever la fille du frère d''Ethan et sa bête noir durant tout le film, Ethan le veut pour mort et ce jusqu'à en perdre la vie si il le faut.Car la seule chose que désir Ethan c'est réclamer vengeance car rien n’apaisera sa douleur tant que ça ne sera pas fait et il ira jusqu'au bout des plaines du Texas pour le trouver.

A noter aussi la bonne présence de Vera Miles, en Laurie Jorgensen amoureuse autoritaire de Martin.Une grande distribution avec des images et des contrées sauvages magnifiques et des étendues désertiques à perte de vue, avec de belles chevauchées où il utilise aussi des plans serrés durant les passages de tension pour capter les émotions des acteurs, un travail magnifique rien à dire.J'ai adoré.

J'ai trouvé le film démarqué des autres classiques du western avec la psychologie de son personnage qui n'est pas un héros et qui part dans une quête malsaine dans laquelle il s'acharne sur des causes perdues et qui est même comparé au « méchant » habituel, le chef indien, alors que là, le film cible d'avantage la psychologie du personnage que l'histoire, donc pas vraiment de Happy End, pas vraiment de victoire, une situation ambiguë d'un personnage, un film pessimiste à l'inverse du Western classique, c'est ce qui ma plu dans ce western.

A noter aussi la magnifique musique de Max Steiner (Casablanca).

Je ne vous en dis pas plus, sous peine de trop spoiler et vous laisse donc découvrir le film qui est une pure merveille.

Un magnifique western, un chef d'oeuvre.

Venant de la liste d'Ugly, notre invétéré fan du genre, Voyez sa petite liste ici!