Une porte s'ouvre, un personnage s'avance. La caméra est subjective et on aperçoit au loin un cavalier qui approche avec comme toile de fond les décors de la Monument Valley. Un premier plan-séquence superbe qui vaut au fond rien qu'à lui seul, la vision du film.
Une fois encore, Ford fait confiance à John Wayne. La prisonnière du désert marque la 16ème collaboration (sur 24!) entre les deux protagonistes. Mais il n'est pas le seul à retrouver une nouvelle le réalisateur américain: Jeffrey Hunter et Vera Miles avaient également pour habitude de tourner avec Ford. L'oeuvre se base également sur une histoire vraie, adaptée tout d'abord en roman par Alan Le May. Une fille blanche a été enlevée en 1836 par des Comanches. Elle deviendra la femme du chef avant d'être retrouvée par les Blancs et reconduite à la "civilisation" malgré ses réticences.
Les Indiens... Justement, c'est probablement-là que se situe le plus gros problème. Ils apparaissent plutôt primaires. Et puis, Aaron Edwards, le personnage de Wayne, est probablement ce qui se fait de mieux en matière de racisme contre les Peaux-Rouges. Malgré que leurs attaques sont rusées, ils demeurent assez idiots, vils, et prêts à tout pour se faire de l'argent par exemple.
Fort heureusement, et en contre-partie, Aaron Edwards n'est pas exempt de tous reproches puisque c'est un homme raciste. Et le personnage est assez torturé. Il apparaît peut-être comme un justicier au début, mais ses actes en font finalement un homme que l'on détesterait aisément. Ainsi, une fois qu'il retrouve sa nièce, il veut la tuer car elle a adopté les us et coutumes des Indiens. On n'assiste donc pas à un simple western manichéen. D'ailleurs, John Ford a tout sauf été raciste et le film Les Cheyennes en est probablement la meilleure preuve.
Ethan Edwards est un solitaire, justicier à ses heures mais également tourmenté par tout ce qu'il a pu vivre. De plus, il semble avoir eu des ennuis avec la justice dans d'autres états. C'est un homme qui est fait pour l'aventure et la scène finale, lorsqu'il ramène sa nièce à la maison, on obtient une nouvelle fois un superbe plan-séquence de Ford: la caméra est placée dans la demeure et tout le monde rentre un par un dans la maison, excepté Edwards. La porte se referme alors et le film s'achève comme il a commencé. Edwards a certes pardonné à sa nièce d'être devenue une indienne mais lui a décidé de continuer une vie d'aventures.
Bref, La prisonnière du désert n'est pas parfait, on est bien loin de la qualité de L'homme qui tua Liberty Valance mais tout de même, Wayne + Ford + Western = très bon résultat dans la plupart des cas. Même si ici, on constate l'un ou l'autre défaut...
batman1985
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le 6 mai 2011

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batman1985

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