La Proie d'une ombre est assez bien fichu car il prend son temps avant de révéler son plein potentiel. Se présentant au départ comme un drame intimiste, il use des ficelles du genre pour tendre progressivement vers l'horreur, et ce, avec une économie de moyen efficace. C'est vrai que cette grande villa près du lac se prête aisément aux frissons et David Bruckner sait comment faire peur avec style ! Mettant de côté les sempiternels flash-backs et jumpscares, l'histoire nous plonge dans la confusion mentale d'une jeune veuve, entre cauchemars et visions troublantes, histoire de fantômes et thriller psychotique. Car, du deuil de cette dernière va naître le besoin de décortiquer les sombres secrets de son mari qui s'est donné la mort et, de découverte en découverte, le mystère s'épaissit et devient de moins en moins commun. Si, pendant la majeure partie du film, on est tenu par un suspense dense et haletant, le final grandiloquent (voire grotesque) m'a quelque peu déçu. De la même façon que le récent Malignant, le scénario fait le choix osé d'aller jusqu'au bout de sa proposition horrifique, sans laisser trop de place aux suggestions du spectateur. Certains partis pris m'ont même gâché le plaisir, pourtant si bien entretenu depuis le début... Cela dit, l'atout phare de La Proie d'une ombre n'est nulle autre que son actrice principale, Rebecca Hall, qui se laisse hanter avec brio dans ce huis clos garni de jeux d'ombres et d'illusions d'optiques vraiment chouettes ! Les amateurs de genre y trouveront leur compte, mais force est de constater que le final divise et décrédibilise la tension globale de ce thriller endeuillé...
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