Un Couple Entre Route et Routine

Comme la plupart des réalisateurs et scénaristes italiens de l'époque même si il reste bien moins connu que nombreux de ses homologues, Pasquale Festa Campanile est un solide artisan et touche à tout du cinéma dont la carrière compte de très nombreux films de genres très différents (Drame -Aventure - Science Fiction - Érotisme) même si la comédie restera son genre de prédilection. La proie de l'auto-stop sorti en 1977 restera un film un peu à part dans la filmographie du réalisateur ce dernier se frottant rarement au thriller anxiogène proche de la radicalité des films emblématiques des années 70. Il est difficile de cerner et d'enfermer La proie de l'auto-stop dans un seul genre le film combinant (et c'est en parti ce qui fait sa force) thriller, home invasion, road movie, drame avec une pincée de rape and revenge.

Bien que entièrement tourné en Italie le film situe son action en Californie et embarque sur la route des vacances un couple en crise qui va prendre en stop un psychopathe en cavale qui vient de commettre un cambriolage meurtrier. Sans grande surprise c'est David Hess habitué à ce type de personnage de La dernière maison sur la gauche à La maison au fond du parc qui interprète le dingo de service avec toutefois un certaine sobriété de jeu. Le couple à la dérive est interprété par le charismatique Franco Nero parfait en mâle machiste jusqu'à la goujaterie et alcoolique d'un côté et la sublime Corinne Cléry tout en charme de l'autre. Les amateurs d'horreur et d'épouvante seront sans doute déçu puisque La proie de l'auto-stop bien que parfois assez anxiogène s'inscrit d'avantage dans un registre de thriller malsain voir de drame intimiste que du cinéma de genre pur et dur. La grande force du film vient surtout de ce trio improbable qui ne cesse de s'apprivoiser et se détester au cour de ce voyage qui restera sans retour pour quelques uns d'entre eux. Plutôt bien écrit et correctement réalisé le film qui prend un malin plaisir à souffler le chaud et le froid souffrira surtout d'un dernier acte un peu longuet qui fait grandement retomber le soufflet de la tension. Pas bien grave toutefois tant le film prend un malin plaisir à rendre ses personnages tour à tour attachant ou détestables en refusant le moindre didactisme manichéen du bien et du mal pour aboutir à une réflexion terriblement sombre et désespérée sur le couple.