Porté par un Jake Gyllenhaal comme toujours impeccable et investi, Southpaw (littéralement Gaucher) ne passe pas inaperçu, telle une fausse patte dans un match.


Un drame fondamentalement classique et plutôt convenu dans la forme, mais dont on appréciera la trame globale et la qualité de jeu des acteurs (en particulier Jake et la petite fille).


Pour ce qui est de la narration et du rythme, le réalisateur Antoine Fuqua semble gérer son affaire, s'emmêlant parfois dans des ficelles trop épaisses, malgré tout en restant compréhensible et lisible. On considérera également le soin apporté aux cadrages, et ce en dépit d'un montage correct mais perfectible.


Le visionnage du film n'est pas désagréable mais ses défauts résident particulièrement dans le scénario, usé par un pathos omniprésent, et des événements qui sonnent un peu faux (notamment l’altercation dans le hall d’hôtel) : Malgré l'identité "réaliste" que semble adopter le métrage, la surenchère de clichés et d'images gratuitement racoleuses (*tiens, Rachel vient de passer en slip dans un plan vissé sur son (joli) derrière*) engluent l'histoire dans ses propres travers. De plus, les combats, teintés de surprenantes fulgurances, restent peu crédibles, prévisibles et ce toujours à cause de l'envie du réalisateur à vouloir nous vendre du vrai, ne sachant plus se positionner entre le drame cinématographique et le film sportif.


Finalement, même si les clins d’œil à Rocky sont louables, l'impression d'une pâle copie demeure. Comparé au fascinant Warrior, qui lui aussi empruntait ce chemin (transposé dans l'univers du MMA), Southpaw a du mal à constituer sa propre identité, une difficulté à nous émouvoir avec davantage qu'un personnage malchanceux. Pourtant, chez Gavin O'Connor, le réalisme et la vraisemblance du scénario étaient encore plus capilotractés, mais la prouesse du montage et les enjeux propres aux personnages ont propulsé son bijou au rang de "petit-chef-d'oeuvre" (j'assume mes propos) : Là où La Rage au Ventre essaye de nous accrocher avec du "sensationnel", Warrior lui est beaucoup plus en phase avec son sujet, où les combats sont un impactant support pour rassembler et diviser ses protagonistes. Ici, on aurait pu remplacer la boxe par du char à voile, personne n'aurait rien vu.

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le 20 mars 2017

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