Sympathique.
Le récit est tout simple mais fonctionne. La situation est intéressante et le choix des personnages l'est tout autant. Cela manque parfois un peu de subtilité dans la façon d'amener les métaphores (les auteurs nous les assènent à coups de sulfateuse), mais ça reste de bonnes idées en soi. Les personnages auraient pu être plus approfondis plutôt que de n'être que des symboles, des représentants de leur espèce. Et ce qui est vraiment dommage, c'est que ça manque de conflits ; je n'ai rien contre ce voyage éducatif (initiatique dira-t-on, mais je pense que le spectateur est plus visé que le personnage dans la démarche de Roeg) mais ça ne doit pas empêcher de jongler avec les outils narratifs qui constituent tout bon film (surtout quand la trame reste structurellement aussi classique ; en l'état c'est comme si l'auteur n'avait fait que la moitié du chemin).
J'ai trouvé le discours intéressant : ça nous parle de notre société mal fichue, en train de bousiller la nature mais sans pour autant dresser une opposition avec la peuplade aborigène ; ces derniers sont plus proches de la nature, mais ça ne les empêche pas de la saccager, d'avoir des rites tout aussi bizarre que de se balader avec un transistor en plein désert. Ce n'est pas l'homme occidental qui est visé mais l'homme tout court.
Visuellement c'est très sympathique. Le désert australien est bien filmé, pour moi qui adore les paysages africains pour leur sécheresse, leur désolation, leur petit bout d'espoir à la vue d'une oasis, j'ai ici été servi. Outre la photographie, Roeg propose un montage un peu expérimental qui n'est pas sans rappeler l'oeuvre de Peckinpah par moment (ceci dit, il n'y a pas que lui qui joue sur la table de montage). Ces expérimentations ne sont pas toujours utiles, elles le sont lorsque les deux cultures sont jugées, mais le début, par exemple, est surtout un moyen efficace de créer du mystère, de donner envie au spectateur de comprendre ce qu'il va regarder.
Les acteurs se débrouillent assez bien : les trois principaux jouent bien, en plus l'héroïne est plutôt mignonne et a un joli corps. Les secondaires, qui n'ont qu'une très brève apparition, jouent également bien. La musique fonctionne également sur ce long métrage, le choix de placer du Didgeridoo est intéressant ; c'est parfois un peu bizarre avec en plus le texte introductif qui annonçait un walkabout, on s'imaginerait donc que c'est l'histoire d'un aborigène que l'on va suivre, alors qu'il n'en est rien (il est là, mais il n'est pas le centre du film).
Bref, c'était un chouette petit film, mais c'était un peu mou ; un peu plus de conflits n'aurait pas fait de tort.