La Règle du jeu est un « drame gai » ou « fantaisie dramatique », réalisé par Jean Renoir, coécrite par Carl Koch ( un réalisateur et scénariste d'origine allemande, non crédité par Jean Renoir, qui était proche de Bertolt Brecht) qui a pour ambition d'être une peinture de mœurs de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie ainsi que des domestiques qui les servent, à la fin des années 1930.... Joués (entre autres) par Marcel Dalio (le Marquis Robert de la Chesnaye... l’hôte châtelain)... Nora Gregor (Christine de la Chesnaye... l'épouse d'origine autrichienne... du châtelain)... Roland Toutain (André Jurieux l'aviateur trop épris de la châtelaine)... Jean Renoir (Octave le bon ami de l'aviateur et surtout de la châtelaine)... Gaston Modot (Édouard Schumacher, le garde-chasse... très jaloux)... Paulette Dubost (Lisette, la camériste et l'épouse du garde chasse)... et Julien Carette (Marceau, le braconnier...)... Sur du théâtre de Boulevard (Il s'inspire du Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux)... Jean Renoir porte sur le fonctionnement de cette société un regard hautement critique mais aussi résolument humaniste... Enfin presque... car c'est un visionnaire qui nous parle de cette France du lendemain (le tournage a eu lieu du 15 février à mi-juin 1939, le film est sortie le 8 juillet 1939) celle de 1940 (la fuite en avant... avant la collaboration)... Un « film de guerre » c'est l'expression trouvée par Renoir dans son autobiographie, Ma vie et mes films : « C'est un film de guerre, et pourtant pas une allusion à la guerre n'y est faite. Sous son apparence bénigne, cette histoire s'attaquait à la structure même de la société. Et cependant, j'avais voulu au départ présenter au public non pas une œuvre d'avant-garde, mais un bon petit film normal ». Pour nuancer l'analyse rétrospective de Renoir, on peut constater que les allusions à la guerre et à la fierté de la nation française sont bien présentes. On peut mentionner le record établi par l'aviateur et l'accueil triomphal réservé à ce nouveau « héros du jour » ; Christine accepte de recevoir Jurieux notamment par crainte que celui-ci ne tente de se suicider : on parlerait, dit-elle alors, de « main de l'étranger » ; la reprise constante du thème de l'antisémitisme ; le personnage du général, campé sur les traditions ; le massacre de lapins et de faisans de la partie de chasse ; la reprise d'une chanson boulangiste où des grands bourgeois caricaturent les défilés militaires de Longchamp.
Produit en 1939, alors que la guerre semble inéluctable, le film souligne, pour son réalisateur, l'état d'esprit d'une partie de la société à la veille des hostilités : « Je l’ai tourné entre Munich et la guerre et je l’ai tourné absolument impressionné, absolument troublé par l’état d’une partie de la société française, d’une partie de la société anglaise, d’une partie de la société mondiale. Et il m’a semblé qu’une façon d’interpréter cet état d’esprit du monde à ce moment était précisément de ne pas parler de la situation et de raconter une histoire légère, et j’ai été chercher mon inspiration dans Beaumarchais, dans Marivaux, dans les autres classiques de la comédie. »
Enfin bref, comme il fallait s'y attendre, ce long métrage a reçu lors de sa sortie, un accueil assez hostile de la part des critiques et du public... Avant d’être considéré comme « Le film des films », le « credo des cinéphiles » par François Truffaut en 1965... et que personnellement je comprenne la porté visionnaire du cinéaste qui décrit une France pas très glorieuse... Ce qui fait (pour moi... car c'est mon avis qui l'emporte sur ce site)... L'un des plus beau film français voire mème un chef d'oeuvre du 7eme art.