Un Disney lucide?

Un jour, j'eus le malheur d'écouter Let It Go!. Depuis, la chanson dite oscarisée me rend demeuré, à chanter Let It Go! à tout va, tel un misérable hoquet dont on saurait se débarasser. Le hoquet a son remède (bien que facilement critiquable), Let It Go! doit en avoir un aussi, l'exorcisation passera par la vision du film, c'est décidé. Après tout, un Disney, ça fait longtemps.

Disney se sont mis à la 3D, je ne savais pas, soites! Elsa a le pouvoir de contrôler la neige et la glace, pas de réelle explication. Le parti-pris de faire tuer les parents est presque inévitable dans un Disney, cependant, le film ne recourt pas au pathos, séquence illustrée par des plans d'une sobriété plus qu'efficace. Dès lors, c'est le ton entier du film qui étonne. Une sorte de lucidité ressort du film, le "true love" dégoulinant est amèrement critiqué, les réels héros ne sont pas ceux que l'on croyait. Elsa est prisonnière de son sort, destinée à rester une caricature ; "the good girl" qui croit s'affranchir du royaume familial qu'elle doit gouverner n'en vient qu'à plus s'enfermer, devant régner sur un royaume bien plus grand, celui des glaces et de la solitude. Anna est la seule à qui l'ont peut se fier, celle qui subira toutes les misères, restant néanmoins toujours brave ayant plus de "couilles" que n'importe qui. C'est donc de l'humain, non de l'incroyable que ressort l'espoir du film. Tous les héros classiques sont présents: le méchant rigolo, le sidekick con, le chien-chien tout gentil, ... Mais utilisés d'une manière légérement détournée, s'assumant tels qu'ils sont: les caricatures d'un autre temps, ne servant qu'à nous émerveriller. Le quatrième mur n'est pas loin d'être franchi.

Le ton est parodique, c'est certain, nous ne pouvons plus aujourd'hui produire de telles oeuvres en respectant un canevas aussi classique. Frozen l'a fait de manière particulière, critiquer le genre pour mieux l'appliquer, presque le sublimer. Les chansons insupportables trouvent alors une justification à mon sens, n'étant qu'un meilleur moyen de fausser nos sentiments, de nous faire comprendre que l'heure du film d'animation est celle de la lucidité, de la rebellion.

P.S.: Let It Go! n'est toujours pas sorti de ma tête.