La Reine des Neiges II
5.8
La Reine des Neiges II

Long-métrage d'animation de Chris Buck et Jennifer Lee (2019)

Quand on me parle de La Reine des Neiges, généralement, je fais une poussée d’urticaire. Traumatisée par mon unique visionnage en salle, je suis à chaque fois consternée de découvrir un nouveau produit dérivé apparaître dans les rayonnages des supermarchés (et entre les couches, les piles, le shampooing et les céréales, y’a de quoi se taper le front par terre). Bref, lors de la sortie du deuxième volet, vous pensez bien que je ne me suis pas précipitée pour aller le voir (et savoir qu’il y en a un troisième en préparation me donne des sueurs froides).


Cependant, une de mes amies – qui n’a pas plus apprécié le premier – m’a dit qu’il était mieux. Beaucoup mieux. Ce qui n’était pas trop dur à faire, soi-dit en passant. Embaucher un animateur digne de ce nom suffisait déjà à relever le niveau…


Vous l’aurez compris, ce deuxième film de la saga (qui s’annonce bien trop longue) ne partait pas gagnant et j’ai donc appuyé sur le bouton « lecture » en serrant les dents, une goutte de sueur perlant à mes tempes.


Et force est d’admettre que oui, il est mieux. Ce n’est absolument pas un chef d’œuvre, très loin de là, mais il est mieux. J’ai passé un bien meilleur moment à le regarder que son prédécesseur.


Déjà, graphiquement, c’est mieux. Exit les décors vides, on sent que y’a eu un peu de travail derrière et que les gars ne se sont pas réveillés à la dernière minute pour faire ce film. Pareil, ils ont viré le stagiaire qui avait fait les trolls en abusant du copier/coller et créer des rennes qui se distinguent un peu les uns des autres (ils ont tous la même trogne, mais leur taille et leur robe divergent). Et puis, certaines scènes sont franchement belles à voir.


Ensuite, l’histoire est plus intéressante également. Finie la fille qui s’extasie d’être perchée à 5000 m d’altitude en ballerines pendant que tous ses proches se congèlent les arpions en plein mois d’août par sa faute, on bascule ici dans le folklore et les magouilles politiques, et on arrive à faire en sorte que les deux s’imbriquent et tiennent debout. En plus, on revient même sur le passé des parents, ce qui n’est pas inintéressant non plus (c’est limite si on ne se dit pas qu’il aurait été finalement mieux de faire un film exclusivement centré sur leur histoire à eux, plutôt que sur celle des gamines).


Et enfin, j’admets que le film m’a arraché quelques sourires, l’humour de certains passages parvenant à faire mouche et à créer quelques fissures dans l’épais mur en béton armé que j’avais dressé face à cette licence. Mention toute particulière à la chanson de Kristoff dont le ridicule de la mise en scène et des paroles m’a fait éclater de rire (mais il paraît que le côté ringard était voulu).


Mais ! Parce qu’il y a forcément un « mais », ce film ne mérite guère plus que le 6 que je lui ai mis à cause de son plus gros point noir : les chansons. Comme le premier jet, La Reine des Neiges 2 dégueule de chansons niaises et sans grand intérêt (c'est moi ou les textes sont bancals ?). Il ne se passe pas cinq minutes sans que l’un ou l’autre protagoniste ne se mette à pousser la chansonnette pour exprimer ses sentiments ou juste boucher un trou. Il faut dire aussi que les scénaristes se sont arrangés pour que les personnages se retrouvent systématiquement tout seuls (forcément, quand t’as personne à qui parler, c’est dur de pondre un dialogue qui tienne la route). Sincèrement, j’ai décroché à chaque fois que l’un d’eux commençait à fredonner et, croyez-moi, avec autant de décrochage, c’est difficile de suivre l’histoire ou de s’attacher aux personnages.


Ceci dit, hormis le quatuor du premier film, les autres intervenants sont à mettre dans la même case que le décor : OSEF. S’il y en a deux qui interagissent effectivement avec les héros, les autres, on s’en tamponne les oreilles avec une babouche. Y’en a une d’ailleurs, je me demande encore pourquoi ils se sont donné la peine de lui donner un prénom : elle ne sert à rien.


Je reviens un instant sur l’aspect graphique du film. Manifestement, les ordinateurs étaient bloqués sur la palette des bleus et du rose. En effet, le thème du film tourne autour des quatre éléments qui sont, comme chacun le sait : le feu, la terre, l’air et l’eau. Je pense que lorsqu’on vous dit ça, vous associez aisément les couleurs suivantes : orange/rouge/jaune, marron, blanc/gris clair et bleu. Eh bien, chez Disney, ça donne ça : rose, rose, bleu, bleu. Voilà. Donc, nous assistons à une scène d’une intensité dramatique poussée à son summum avec Elsa qui combat un incendie… rose fuchsia. Super…


Point de vue merchandising, les animateurs ont fait ce qu’il fallait aussi pour remplir les poches de Mickey puisqu’Elsa change de tenue toutes les dix minutes et sa sœur, toutes les vingt minutes environ. C’est bien simple, on se croirait à un défilé de Miss France. Elle va pouvoir en vendre des poupées et des figurines avec toute la garde-robe des sœurs siamoises, la souris aux grandes oreilles. Les parents ne la remercieront jamais assez pour cette touchante initiative.


Dernier aparté sur les parents. En effet, on en apprend plus sur leur passé et, notamment, sur celui de la mère des frangines. On passera sur l’emprunt au classique Roméo et Juliette (parce que ce n’est pas la première fois et ce ne sera sûrement pas la dernière, et puis ça n’empiète pas plus que ça sur l’histoire), pour s’appesantir plutôt sur le fait que ça crée une incohérence majeure par rapport au premier volet. En effet, compte tenu de ce que l’on voit (le souvenir de l’histoire du père) et de ce que l’on apprend (sur les origines de leur mère), comment ont-ils pu oser enfermer leur fille aînée dans sa piaule pendant des années ? A quel moment, ils se sont dit que ce serait une bonne idée ?


Pour résumer, ce film aurait pu être mieux si les personnages avaient bien voulu fermer leur clapet cinq minutes pour nous laisser profiter des décors et des effets d’eau et de glace (et si les animateurs n’avaient pas oublié qu’il y avait d’autres couleurs que le rose et le bleu dans la vie).


PS : j’ai oublié de mentionner deux choses qui m’ont perturbée un peu. 1) Je l’avais oublié, mais Kristoff a la voix française d’Harold (Dragons) et la différence de gabarit entre les deux personnages rend l’association étrange. 2) Elsa est toujours maquillé comme une tapineuse (voilà, c’est dit).

NicodemusLily
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le 23 déc. 2020

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NicodemusLily

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