Deux ans seulement après son premier chapitre, Freddy Krueger revient au cinéma dans un deuxième chapitre différent de son prédécesseur. Wes Craven n’est plus là, c’est Jack Sholder qui reprend les rennes, changeant tout ce qui faisait le charme des griffes de la nuit, ce Freddy passera du pseudo slasher à un film de possession démoniaque. Sera-t-il au gout des fans de la première heure ?


Freddy se rebiffe


Suite au triomphe des Griffes de la nuit, un deuxième opus fut rapidement mis sur les rails. New Line Cinema, la boite de production du film ne tournant pas, il fallait profiter du triomphe d’un de ses films pour amasser de l’argent. Pour les employés de New Line Cinema, Freddy n’était plus une franchise mais un gagne-pain. Et s’ils pouvaient vivre de ces futures séries de films ? Wes Craven, n’a pas voulu être de la partie, tout simplement parce qu’il n’imaginait pas de réelle suite à son film culte, et qu’il n’était surtout pas d’accord avec la direction prise par cet épisode. Cette nouvelle histoire était pour lui un prétexte pour réaliser des effets spéciaux ridicules. Le réalisateur a de quoi être en colère. Tout ce qui avait fait le charme et le succès de son film s’en est allé dans cette suite d’une mollesse affligeante malgré ses nombreuses scènes d’action.


Les meurtres et scènes d’épouvantes auront beau êtres fun, les effets spéciaux auront beau avoir prit du galon (la magnifique scène de transformation, la scène des oiseaux), on a totalement dénaturé son croque-mitaine et enfreint la règle imposée par Wes Craven. Première erreur : montrer Freddy au grand jour (cf la scène de la piscine sympathique mais brisant le mythe de l’antagoniste). Deuxième erreur impardonnable bien qu’il est vrai, originale : Freddy ne tue plus ses victimes durant leurs rêves, n’agit plus dans l’ombre, ne se servant plus vraiment du bruit du crissement de ses griffes sur les murs pour faire peur, mais utilise le corps d’un adolescent occupant la maison de Nancy pour tuer ses victimes. Freddy devait rester un personnage ne vivant que dans les rêves, ne pouvant exister dans le monde réel. Jack Sholter, n’a pas voulu suivre le modèle des griffes de la nuit, New Line Cinéma non plus, les deux ont préférés s’émanciper. Problème de taille : les fans vont-ils apprécier qu’on change la direction prise par le premier opus qu’ils ont tant aimé ?



Tu tueras pour moi.



Freddy se dévoile au grand jour


Dans une suite de film, on rencontre toujours le même problème : la redite. Parfois, une suite fera plus copier-coller de son homologue que véritable suite. On retrouvera le même type de scènes, de dialogues, des personnages qui n’ont pas vraiment évolués et une intrigue faible, prétexte à vous offrir plus de spectacle car ayant cette fois plus de moyens. Pour Freddy 2, on veut visiblement éviter de ce placer dans cette catégorie, on veut éviter de vous resservir le même plat. Seulement, avoir choisit de dénaturer le protagoniste de la franchise n’a pas été la bonne solution.


Freddy décidant cette fois d’opter pour une nouvelle technique pour revenir dans le monde réel en prenant l’apparence de Jesse est, il est vrai, un choix original, permettant de jouer sur l’ambigüité de Jesse (se laisse-t-il posséder parce qu’il peut suivre les pulsions de violence qu’il retient en lui ?), d’offrir une lutte entre Jesse et Freddy. Il reste un peu de Jesse en Freddy. Ce nouveau concept, on adhère, on n’adhère pas, pour ma part, je n’adhère pas. Pourtant, l’idée était déjà bonne que de mettre en scène cette fois un personnage masculin. Idée reprise plus tard dans la franchise Destination Finale. Jesse, n’a rien d’un macho.


Il a le petit coté « mignon » de Glenn dans Les griffes de la nuit, tout en ayant un caractère fort bien que coté « hurlements » lors de ces cauchemars fasse tâche (de vrais cris féminins pas très virils). Jesse a aussi un petit coté gay, ça n’a pas été fait consciemment mais ce film a un coté gay. La scène de la douche avec le coup de la serviette, le bar gay des mecs en cuir, Jesse et sa langue pendante après avoir réussi à séduire Lisa (réplique parfaite de Mery Streep) nous le prouve (il se recul, se met la main devant la bouche comme s’il n’était pas attiré par elle). Si on voulait analyser Freddy 2, de ce point de vue, on pourrait voir en dessous cette histoire d’épouvante qu’il y a une histoire gay malgré le fait que Jesse soit un hétéro et lutte intérieurement avec lui-même parce qu’il est finalement gay (l’histoire de Freddy en lui étant une sorte d’alternative). Les Freddy font visiblement ressortir de nombreuses questions psycho-sexuelles comme le disait dans une interview Robert Englund.


Avec cette suite on a brisé les règles établies dans Les griffes de la nuit, on n’a plus ce sentiment d’oppression, les musiques sont moins terrifiantes, on a fait d’un type abominable un tueur banal, effrayant juste parce qu’il a des griffes et un corps de grand brulé. De plus, ici, ses répliques n’ont pas la même saveur que celles du premier, il n’y a plus cette combinaison de simplicité/intelligence. Oui, il était trop tôt pour changer la donne. Il aurait mieux valu que ça arrive dans un troisième ou quatrième opus histoire de donner un nouveau souffle à la franchise si elle était amenée à plonger dans l’ennui.


Au final, La revanche de Freddy a beau changer son concept, c’est raté. Croque-mitaine, musiques et essence même de la franchise dénaturées, séquences d’horreur plus gore que terrifiantes et dégoutantes, histoire peu travaillée, absence d’ambiance de film policier, des idées visuelles sympathiques avec quelques références à des films cultes comme Les oiseaux d’Hitchcock, un jeu assez bon des acteurs et actrices, mais ce ne sera pas suffisant pour nous faire revivre l’expérience qu’aura été Les griffes de la nuit.

Jay77
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le 7 nov. 2017

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Jay77

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