La Révolution silencieuse et le sens de nos «combats»

C'est une histoire «vraie» le filme de Laus Kraume, La Révolution silencieuse. Une classe de lycéens de terminal en RDA (Allemagne de Leste), ayant appris que les tanks soviétique envahissaient Budapest en 1956, ont décidé deux minutes de silence lors du prochain cours d'histoire, en solidarité avec les victimes des chars soviétiques. C'était aussi ma première manifestation, j'avais dix ans!
Ils l'ont appris appris lors d'une petite fugue à Berlin-Ouest, et les deux lycéens font circuler l'information et la radio-clandestine chez l'oncle Edgar leur apprend que le héros de la Hongrie du foot, Puskás, aurait été tué. De quoi convaincre un des leaders de la classe peu tourné vers la contestation politique.


Les suites de cet acte tant politique que généreux de solidarité avec le peuple hongrois face aux militaires soviétiques qu'ils sont obligés de côtoyer aussi dans leur ville allemande, bouleversera l'établissement, les familles, leur ville de Stalinstadt. Quel affront, quelle insolence, forcément des contre-révolutionnaires... Et on voit défiler toutes les techniques qui font appel à la délation, à la manipulation, à l'utilisation de l'histoire des parents pour faire pression sur chacun et sur toute la classe, en divisant pour mieux les anéantir. Ils risquent d'être interdits de BAC et de ne plus pouvoir fréquenter un établissement scolaire en Allemagne de leste. Et le vieux Edgar leur dit en forme de sentence «vous vous êtes déclarés libres-penseurs, vous êtes maintenant des ennemis de l’État».


Ils tiendront bon, ou presque... et c'est la qualité de ce beau film de nous montrer, sans jugement, comment ça se passait pour ces jeunes et surtout en approchant quatre d'entre eux, leurs joies, leurs déboires, leurs espoirs, leurs amours d'une jeunesse qu'à un moment donné manifeste son opposition à ce qui se passe pour eux à travers le soutien à la révolte de Budapest de novembre 1956. Et il nous donne à voir ce qu'on fait quelque soit l'idéologie dès lors qu'on questionne sa légitimité ou ses actes.


La direction des jeunes acteurs est méticuleuse et très ouverte, tellement ils s'expriment en liberté et dans la fougue de leur âge. Les personnages adultes correspondent bien à ce qu'un système d'oppression suscite (fût-il au nom du socialisme). L'écrasement sournois de toute velléité de solidarité ou d'explication de ce que leur acte peut représenter, nous est servi avec la présence du camarade-ministre de l'éducation ou de Madame Kessler, responsable de la Commission de l'éducation locale et véritable commissaire-politique. Ou alors, ce «brave» directeur issu de la paysannerie grâce au 'socialisme', qui ne peut pas supporter cette bravade qui d'ailleurs le mettra aussi sous le collimateur du puissant ministre. «Et qu'est-ce que çà a apporté aux Hongrois» , se demande-t-il. Une façon de dire alors qu'ils (ces jeunes) ont « tout », cette possibilité d'étudier, qu'est-ce qu'ils ont à faire des Hongrois...


Je pense que «nos lycéens et jeunes étudiants» gagneraient à voir ce film et comprendre ce que la petite histoire de Théo, Lena, Kurt, Paul ou Erik a à voir avec la grande histoire de nos peuples... qui continue!
La suite dans mon blog La Révolution silencieuse et nos combats «vrais» La Révolution silencieuse et nos combats «vrais»

ArthurPorto
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le 2 mai 2018

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ArthurPorto

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