La route est longue
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La Route est un ascète : son scénario est court, il n'y a ni rebondissements ni un casting immense, et il ne donne rien à se mettre sous la dent aux gens qui font l'amalgame entre « post-apocalyptique » et « SF ». Et puis surtout, il n'invente absolument rien : un père et son fils qui luttent pour leur survie dans un monde devenu hostile, ça ne fait même pas figure de variation dans le genre. Les procédés utilisés pour rythmer l'histoire sont également stéréotypiques : il y a des méchants qui attaquent les gentils, et le gamin finira par se rebeller contre la vision un peu trop enracinée de son père de la « gentillesse ».
Pour apprécier ce film, il faut s'attacher à ses trois qualités.
D'abord, c'est une merveille de photographie. Le réalisateur a pris à cœur de créer une atmosphère assez glauque, où la couverture nuageuse ne s'en va jamais, et où la fumée achève de rendre le paysage tout gris. C'est très esthétique, même si la place des images de synthèse paraît importante.
Ensuite, l'ambiance fonctionne. J'ai quitté le film assez blasé, mais le lendemain, mon sentiment avait mûri pour devenir quelque chose d'un peu plus plaisant. Entendons-nous sur le terme « plaisant » : l'histoire est très dure, dénuée d'espoir, mais nous fait passer un bon moment derrière notre écran. Par contre, deux erreurs viennent casser la baraque : The Road est bizarrement incapable de créer l'émotion (en tout cas chez moi) alors qu'il utilise des moyens théoriquement efficaces d'empathisation et que le duo père-fils est 100% du temps à l'image. Et ce n'est pas la faute des acteurs. De plus, le film ne peut s'empêcher d'être américain ; la situation désespérée qui tient pendant toute la narration ploit quand même sous l'oppression d'une fin redonnant vie à l'espoir. Ce n'est pas grave, mais dommage.
Enfin, il faut garder à l'esprit que l'intrigue est entièrement basée sur l'éducation de l'enfant. C'est une facette très bien écrite de The Road qui finit par séduire, malgré l'inévitable révolte dont j'ai parlé plus haut. Les rapports de force, les dialogues et les acteurs sont autant de serviteurs pas géniaux mais compétents de liens qui se tissent avec une urgence bien imaginée. Il est probable qu'on doive tout cela à l'apparente fidélité du film au livre qui l'a inspiré. On est guidé sur la grisaille de la route par le « feu » que transporte le gamin, ce mélange de force et d'humanité que son père voudrait qu'il garde. C'est propre.
La Route ne sera pas pour moi l'exemple d'une réussite dans le genre post-apocalyptique que j'affectionne pour autant. Il ne crée pas grand chose, mais on passera un relativement bon moment si on sait voir ce qui lui donne du caractère.
Créée
le 15 sept. 2018
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