Jolie chronique de l'Amérique rurale portée par une révélation mais qui a tendance à trop s'étirer.

Andrew Haigh change radicalement son fusil d’épaule avec « La Route sauvage ». Lui qu’on avait découvert il y a quelques années avec la romance gay très âpre et crue « Week-end » et qui avait ensuite ausculté un couple vieillissant dans « 45 ans » traverse aujourd’hui l’Atlantique et verse dans le film indépendant américain pur jus. Un film du terroir au pays de l’Oncle Sam en somme mais qui parvient à s’extirper de bon nombre de tics propre à ce type de cinéma balisé et de plus en plus formaté. Mais ce dont on peut le remercier le plus grâce à ce film c’est de la révélation d’un comédien. Le jeune Charlie Plummer aperçu dans « Tout l’argent du monde » y livre une prestation épatante qui devrait lui ouvrir encore plus les portes d’Hollywood. D’un naturel confondant et doté d’un charisme équivalent à celui d’un Leonardo DiCaprio jeune, il y crève l’écran avec son visage d’ange et son jeu plus vrai que nature. On risque de le revoir vite et c’est tant mieux.


Si ce jeune acteur porte le film sur ses frêles épaules, on apprécie également le portrait en creux d’une Amérique de la classe moyenne. En outre, les paysages de l’Oregon en plein été sont superbement filmés et cette tranche de vie charme en filmant un décor peu vu au cinéma, celui des champs de course de chevaux. « La Route sauvage » pourrait être le pendant plus accessible de « The Rider » sorti le mois dernier. Moins âpre et plus généreux, ce récit initiatique pourrait plaire à toute la famille avec son histoire d’amitié entre un garçon sans attache et un cheval en fin de vie destiné, à terme, à une mort certaine. On est loin de l’épique « Cheval de guerre » de Steven Spielberg et davantage dans une veine naturaliste plutôt intéressante. La première partie du film on se laisse tranquillement couler dans les flots de cette jolie histoire mais le classique est cependant très loin.


Lors du road-movie qui encadre la deuxième heure du film, quand Charley part à la recherche de sa tante et tente de sauver le cheval, le récit commence à ronronner quelque peu. Le cadre est toujours aussi magnifique et les grands espaces parfaitement mis en valeur, mais le rythme devient plus monotone et « La Route sauvage » a une fâcheuse tendance à s’étirer pour rien. De plus, on aurait aimé que la relation entre l’homme et l’animal soit plus poussée. En résulte un film sympathique avec des seconds rôles qu’on prend plaisir à retrouver au cinéma car trop rares (Steve Buscemi et Chloë Sevigny en tête de liste). Ce parcours d’un jeune garçon vaut donc surtout pour celui qui l’incarne et le côté envoûtant et bucolique qui s’empare du film par intermittences. On a déjà néanmoins vu bien mieux, mais surtout bien pire.


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JorikVesperhaven
6

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le 27 avr. 2018

Critique lue 228 fois

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Rémy Fiers

Écrit par

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