Un film qui a connu un accouchement bien difficile. Insatisfait du pré montage, les producteurs de Universal ont fait appel à Harry Keller pour tourner des scènes supplémentaires et revoir le montage initial. Insatisfait du travail accompli, Orson Wells rédige alors une note de 58 pages aux producteurs leur indiquant toutes les retouches qu’il désirait apporter à son œuvre. Il faudra attendre plus de quinze ans avant de voir porter à l’écran La soif du mal tel qu’imaginé par Welles. Il en résulte une facture des plus sombres. Tant dans le propos que dans le fait que le tournage s’est pratiquement déroulé que de nuit. On assiste à un affrontement entre le bien et le mal personnifiés par deux hommes représentant la justice. L’un intègre, bellâtre et en pleine lune de miel, l’autre corrompu, physiquement répugnant et limité aux plaisirs de la prostitution. Les deux opposants se livrent à un véritable match d’échec qui se conclue avec la mort du diable. La morale appartient toutefois à la liseuse de bonne aventure, interprétée par nulle autre que Marleen Dietrich, qui devant la dépouille de son ancien client avoue que c’était tout de même un sacré bonhomme. Orson Welles est monstrueux à souhait, Charlton Heston démontre une carrure d’acteur qui lui permettra de remplir le rôle de Ben Hur l’année suivante et Janet Leigh perce toujours l’écran même si certaines scènes ne l’avantagent pas. Ce remontage respectant les intentions du réalisateur contribue au monumental héritage cinématographique d’Orson Welles.