La soif du mal est un film très complexe. D'ailleurs il est toujours difficile d'aborder les films d'Orson Welles tellement ses films ont une envergure et une dimension différente des autres réalisateurs.
Je n'ai pu apprécier ce chef d'oeuvre qu' à la 4ème vision.
Welles exige du spectateur une attention active soutenue. Chaque plan du film (à part celui de l'hôtel avec les autres pontes) a une intention visuelle qui renforce le sens de la scène comme Mozart avec la musique dans ses opéras.
Ce qui me fascine chez Welles qui vient de la radio c'est le génie avec lequel il utilise la caméra pour véhiculer une histoire qui vient , comme dans le mode harmonique, renforcer les caractères et les situations en les approfondissant et les dramatisant.
Jamais le cinéma rencontrera de nouveau un tel génie qui haissait (et on le comprend) tout ce qui était ...professionnel !
C'est aussi pour cette raison qu'il a peu rencontré le succès.
Quand on regarde la soif du mal on a l'impression que le cinéma est un nouveau langage, qui vient d'être inventé.
Le jeu des acteurs : Welles est prodigieux, Heston révèle qu'il peut être autre chose qu'un héros. Tamiroff et Calleia sont extraordinaires. Et quel physique ce Calleia ! Il est tout à fait étonnant qu'il n'ait pas joué dans des grands rôles de gangster ! Quelle présence !
Le seul défaut du film est incontestablement pour moi le son. La bande sonore est atroce (malgré Mancini). la musique invasive. beaucoup de scènes auraient gagné à être silencieuses !