« La Solitude des nombres premiers », un film qu'il est youpi

Et donc, j'ai fini par regarder « La Solitude des nombres premiers ». Réalisé par Saverio Costanzo et finalement produit en 2010, le film est une adaptation du roman du même nom de Paolo Giordano.

On a donc affaire à deux personnages principaux, Alice et Mattia qui, disons-le clairement, n'ont pas été épargnés par le petit Jésus. L'une est anorexique, l'autre se scarifie. Ils sont mal dans leur peau, asociaux et évoluent, on s'en doute, dans une solitude glauque. Bref, pas la peine de regarder ce film dans une optique de grosse marrade : c'est à peu près tout sauf joyeux.

Si, vu sous cet angle, les thèmes abordés ont beau être vus, revus et re-revus - les ados paumés et perturbés ont pas mal la cote sur le petit et grand écran, suffit de voir le calamiteux « LOL » de Lisa Azuelos -, on sort pour une fois du cliché traditionnel « Mes parents ont divorcé alors je fume pour oublier, et puis les adultes sont tous des cons. Tiens, quand est-ce que je perds mon pucelage btw? » pour des personnages bien plus profonds, et dont la souffrance est ancrée depuis leur jeune âge.

Le film se déroule en quatre temps : l'enfance d'Alice et Mattia, leur adolescence, leur vie de jeune adulte, puis d'adulte, le tout présenté dans le désordre. L'idée n'est pas mauvaise en soi mais un peu déconcertante au début, ça devient facile de se perdre dans l'histoire, sans compter que les quatre phases sont jouées à chaque fois par des acteurs différents qui ne se ressemblent jamais. Un énorme « POURQUOI ? » larmoyant adressé à la Alice enfant, blonde comme les blés et bouclée, qui se transforme ado en... Une brune aux cheveux archi-raides; du coup, j'ai regardé la moitié du film en passant totalement à côté du vécu d'Alice. Heureusement, les évolutions de Mattia sont un peu plus ressemblantes...

Les trois-quarts du film sont très réussis à mes yeux : les différentes pièces du puzzle se mettent tout doucement en place et, si l'on devine rapidement où veut nous mener le film, on a envie d'en savoir un peu plus sur les circonstances de l'action. Malgré certaines scènes qui auraient pu facilement verser dans le macabre, pas d'effusion de sang ou de cadavre, à peine une flaque de vomi et un bras mutilé par-ci par-là. La musique contribue cependant à faire monter la pression (« OH MON DIEU il va se passer un truc horrible »), les acteurs sont crédibles et n'en font pas des tonnes, on a envie de les prendre par la main et de les aider un peu tant ils galèrent. Petite parenthèse sur la grande peste du lycée qui n'a pas de rôle prépondérant mais m'a quand même bien donné envie de lui taper sur la tête avec un objet contondant, une batte de baseball cloutée par exemple. J'ai d'ailleurs été extrêmement déçue de la scène de « retrouvailles » entre la nana en question et Alice, espérant secrètement assister à une petite scène de violence gratuite et sauvage.

La dernière demi-heure du film m'a en revanche laissée perplexe : complètement superflue, elle n'apporte rien à l'intrigue et m'a semblé durer des heuuuuures. Alors oui, je veux bien croire que les personnages souffrent, vraiment, vraiment BEAUCOUP, mais d'un autre côté, j'ai passé une heure et demi à les regarder se foutre en l'air donc j'aurais bien aimé une fin un peu plus surprenante, comme par exemple, je ne sais pas, un peu d'ESPOIR peut-être ? Mais non, à croire que c'était trop demander. Au bout d'une demi-heure de film, ce n'est même pas du spoil que de dire que « La Solitude des nombres premiers » va finir en queue de poisson parce que les personnages suintent tellement le mal-être que ça ne peut tout simplement pas en être autrement.

Bien qu'atrocement déprimant, le film est bien tourné, sympa et avec des thèmes bien trouvés : le rapport au corps qu'entretiennent Alice et Mattia par exemple, ou encore les relations parentales, en mode « mon gamin, ce formidable trophée de chasse à poser sur la commode du salon ». Un film pas rigolo pour un rond, mais qui mérite d'être vu avec intérêt.
Paula_Roïd
7
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le 24 oct. 2011

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