Le Nanar made in France

Nanar en puissance devenu au fil des années une comédie culte, l'adaptation assez libre du roman éponyme de René Fallet et l'avant-dernier film de Louis de Funès reste aujourd'hui une œuvre hideuse, maladroite, poussive et pas vraiment glorieuse dans la filmographie de ses auteurs. Réalisé par Jean Girault, fidèle collaborateur de De Funès et auteur de l'intégralité des Gendarmes (vous situez un peu la qualité de mise en scène), La Soupe aux Choux sort tout de même quelques années après la déferlante américaine 2001: L'Odyssée de l'Espace, La Guerre des Étoiles ou encore Star Trek. Du coup, même à l'époque on peut sans conteste dire que c'était bien moche. Mais que reste-il de ce film culte ?

Il en reste un profond amour pour les comédiens qui se font clairement plaisir, pour cette atmosphère sentant bon la campagne du terroir, pour son scénario nanardesque déjanté, pour ses dialogues truculents, pour son dynamisme omniprésent, pour ses rares qualités visuelles autant que pour ses nombreux défauts. Critique sociale de la cruelle modernisation dans les campagnes et de la jeunesse insouciante, le film arrive à mélanger avec fracas humour gras (des pets, des grimaces et encore des pets), amitié indissociable et aliens aussi curieux que gourmands. On pourra enlever vingt minutes du métrage, avec ce très gênant passage avec la Francine (Christine Dejoux jouant comme ses pieds avec la conviction d'une table basse) qui n'apporte en soi pas grand chose à l'intrigue globale du scénario.

Décors en carton-pâte, effets spéciaux ratés, costumes extra-terrestres incroyablement ringards et histoire abracadabrantesque contrastent avec un trio d'acteurs principaux aux petits oignons, Louis de Funès et Jean Carmet au sommet du cabotinage tandis que Jacques Villeret nous gratifie d'une prestation certes aberrante mais terriblement attachante. Foncièrement cheap et de piètre qualité, La Soupe aux Choux conserve néanmoins en lui d'être une comédie à la bonne humeur communicative qui, sans être la crème du genre français, reste un nanar que l'on regarde chaque décennie avec des rires assumés.