Un message fort et symbolique qui se noie dans l’excès, les clichés et la médiocrité

Adapté du roman de René Fallet sorti 1 an plus tôt, La Soupe aux Choux met en scène 2 paysans isolés et retirés de la vie moderne : le Glaude et le Bombé.

Souvent présentée comme une comédie bien franchouillarde, le film se définit selon moi davantage comme un drame sociétal, celui d’un monde qui vit ses dernières heures, dans l’attente de sa disparition. Une image très symbolique de la société du début des 80’s, qui même pour ceux qui ne l’ont pas connu (dont je fais partie) nous remplit le cœur d’une certaine tristesse.

Seulement voilà, même si le message du film est juste et fort, il se perd dans une ambiance qui ressort mal et une mise en scène foireuse.

L’humour est affreusement lourd et sans aucune finesse (bien que je sois habituellement bon public), et les clichés très explicites et peu valorisants (les paysans sont représentés ici comme des êtres abjects qui passent leur temps à manger, picoler et péter pour se détendre).

En parallèle de ses gags plutôt gras, le film nous emmène dans une ambiance beaucoup plus sombre, où l’on assiste à la déchéance des 2 paysans, joués par De Funès et Carmet. Partagés entre la tristesse, la peine et la pitié, on s’ennuie plus qu’autre chose en suivant leur quotidien très terne. Malgré le talent des 2 acteurs, l’émotion induite par les 2 personnages n’est pas assez forte pour contrebalancer cette ambiance peu vivante.

Peinant à se positionner entre la comédie et le drame, le film fait le pari d’intégrer de la science-fiction dans son univers avec le personnage de la Denrée, alias Jacques Villeret. Si l’acteur s’en sort plutôt bien, que vient faire un extra-terrestre dans cet univers ? Entre comédie nanardesque et drame sociétal fort, la science-fiction est carrément excessive, nous plongeant dans une atmosphère bizarre, dont on peine à saisir la cohérence. Le costume du personnage est de plus horrible, instaurant un certain ridicule et un manque flagrant de crédibilité à cet histoire d’alien.

A ce défaut d’ambiance, s’ajoute un certain raté dans l’enchaînement des péripéties. Les thématiques abordées sont trop nombreuses et de fait traitées très superficiellement.

A titre d’exemple, le retour de la femme de Louis de Funès en mode rajeuni. Celui-ci intervient à la moitié du film, les 2 personnages cohabitent 24 heures avant que Francine ne parte, expliquant au Glaude qu’ils passent leur temps à s’engueuler. Outre le fait que cet axe scénaristique n’a pas de réel intérêt, pourquoi faire apparaître le personnage de la Francine si tard pour la faire partir aussitôt ?

• Représentatif sur le fond du traitement réservé aux vieux paysans des campagnes profondes, ce film se rate malheureusement sur la forme en diversifiant trop son ambiance, en multipliant maladroitement ses thématiques et en enchaînant excessivement ses péripéties, donnant au tout un résultat brouillon.

La Soupe aux Choux marque toutefois la fin d’une époque, où la France profonde disparaît peu à peu, laissant place à une société plus industrialisée et aussi plus individualiste.

C’est également l’un des tous derniers films de Louis de Funès, malade au moment du tournage. Un acteur qui, au-delà de son humour assez clivant, force le respect par une carrière hallucinante et de nombreuses œuvres intemporelles encore très populaires aujourd’hui. RIP