Après l'assez insipide Le Visage de Bergman, La Source pourrait signifier le retour à la sienne. C'est un de ses films qui résument si bien le contrôle minimaliste qu'il a sur sa création, à croire qu'il fait naître l'émotion d'un simple angle de prise de vue, et les pensées de ses personnages d'un de ses raccords si précis qu'il affectionne. En quelques plans – et toujours ce premier plan qui fait réfléchir parce que sa présence s'impose si fortement –, voilà capturée l'essence du conte suédois ayant inspiré l'histoire, puis en quelques autres, circonscrites les bordures de sa représentation personnelle.
Seule Gunnel Lindblom dans le rôle de la « méchante » est trop lyrique, tandis que le reste du casting semble se complaire dans la mesure. À part un raccord aventureux, des bruitages qui jouent aux montagnes russes et une ambiance qui aurait requis des soins plus attentionnés que de simples gros plans et scènes d' « action » pour faire jaillir sa raison d'être, c'est une de ces créations si modestes et pourtant si pleines d'elles-mêmes qu'on se demande comment elles ne craquent pas sous l'effet de leur propre poids.
Quantième Art