Une fable pour adulte seulement. Pas pour la chair qu’on y dévoile, mais pour la brutalité des actes qui y sont commis et qui sont montrés à l’écran. C’est l’une des raisons qui avait fait en sorte que le film fut reçu tièdement à sa sortie. La scène du viol et celle du meurtre de l’enfant lancé à bout de bras dans le mur par le père dans un élan de vengeance sont en effet assez difficiles à supporter. Mais soixante ans plus tard on en vu d’autres passés sur nos écrans. Bergman a filmé toute la cruauté qui se dégage de l’histoire du Petit chaperon rouge et que la tradition orale a attisée pour les oreilles des enfants. Ici le méchant loup est incarné par des bêtes sur deux pattes dont l’un s’exprime avec la langue coupée. S’il n’avait pas été dans ces excès, le film aurait perdu son percutant. L’autre aspect qui a pu décevoir ceux qui avaient été entichés par Le septième sceau et Les fraises sauvages parus deux ans plus tôt est la linéarité dramatique du scénario. Contrairement, à ses deux sœurs, La source ne joue pas avec la juxtaposition de deux univers et la notion spatiotemporelle. Ce qui rendait l’œuvre probablement moins magique aux yeux des cinéphiles. Néanmoins, le film possède un univers homogène et intéressant. La dualité religieuse qui traverse le récit et la représentation des rituels respectifs sont bien intégrés. Bergman emprunte beaucoup au théâtre au niveau de la symbolique, de la mis en scène et de la direction d’acteur. Toute son œuvre en est imprégnée, c’est ce qui la rend si unique.

Elg
8
Écrit par

Créée

le 2 sept. 2019

Critique lue 138 fois

1 j'aime

2 commentaires

Elg

Écrit par

Critique lue 138 fois

1
2

D'autres avis sur La Source

La Source
Sergent_Pepper
8

Le désordre et la foi.

Bien des films de Bergman peuvent être présentés comme des fables, dont la morale fluctue en fonction de son état d’esprit, plus ou moins ouvertement pessimiste. La Source est sans doute l’un de ses...

le 13 nov. 2017

31 j'aime

8

La Source
corumjhaelen
10

Critique de La Source par corumjhaelen

Bergmanien acharné, La Source fait partie de ses quelques films du Maître que je classe juste en dessous de ces deux chefs d'oeuvre que sont Cris et Chuchotements et Personna, et nettement au-dessus...

le 24 mars 2013

24 j'aime

2

La Source
Gand-Alf
7

La passion d'une jeune pieuse.

Oscar du meilleur film étranger en 1961, "La source" d'Ingmar Bergman, inspiré d'une légende suédoise du quatorzième siècle, fut longtemps considéré comme une oeuvre mineure, le cinéaste lui-même...

le 27 janv. 2015

21 j'aime

Du même critique

À tout prendre
Elg
8

Dans le courant

Voir ce film en connaissance de la fin tragique de Claude Jutra et de sa postérité ternie par des soupçons de pédophilie est plutôt troublant. Comme si notre élan d’appréciation pour le travail du...

Par

le 16 nov. 2020

3 j'aime

La Grande Évasion
Elg
7

La fausse évasion

Après Le vieil homme et la mer et Les sept mercenaires, voilà un autre film de John Sturges qui me laisse sur ma faim. À chaque fois le sujet ou la brochette d’acteurs à l’affiche avaient semé chez...

Par

le 3 nov. 2020

3 j'aime

1

Accattone
Elg
7

Sans pitié

Âpreté est le mot qui me reste à l’esprit après avoir visionné le premier long métrage de Pier Paolo Pasolini. Tout est rugueux, aride dans ce film : les décors, le propos, les dialogues. Il y a une...

Par

le 2 nov. 2019

3 j'aime