Une fable pour adulte seulement. Pas pour la chair qu’on y dévoile, mais pour la brutalité des actes qui y sont commis et qui sont montrés à l’écran. C’est l’une des raisons qui avait fait en sorte que le film fut reçu tièdement à sa sortie. La scène du viol et celle du meurtre de l’enfant lancé à bout de bras dans le mur par le père dans un élan de vengeance sont en effet assez difficiles à supporter. Mais soixante ans plus tard on en vu d’autres passés sur nos écrans. Bergman a filmé toute la cruauté qui se dégage de l’histoire du Petit chaperon rouge et que la tradition orale a attisée pour les oreilles des enfants. Ici le méchant loup est incarné par des bêtes sur deux pattes dont l’un s’exprime avec la langue coupée. S’il n’avait pas été dans ces excès, le film aurait perdu son percutant. L’autre aspect qui a pu décevoir ceux qui avaient été entichés par Le septième sceau et Les fraises sauvages parus deux ans plus tôt est la linéarité dramatique du scénario. Contrairement, à ses deux sœurs, La source ne joue pas avec la juxtaposition de deux univers et la notion spatiotemporelle. Ce qui rendait l’œuvre probablement moins magique aux yeux des cinéphiles. Néanmoins, le film possède un univers homogène et intéressant. La dualité religieuse qui traverse le récit et la représentation des rituels respectifs sont bien intégrés. Bergman emprunte beaucoup au théâtre au niveau de la symbolique, de la mis en scène et de la direction d’acteur. Toute son œuvre en est imprégnée, c’est ce qui la rend si unique.