Dans un petit village actuel quelque part au Moyen Orient ou en Afrique du Nord, les femmes vont depuis toujours chercher l'eau à la fontaine dans les montagnes.
Ce dur labeur pousse les femmes du village à faire une grève originale.

Après le Concert en 2009, Radu Mihaileanu réalise et écrit entièrement ce film entièrement en arabe et tourné au Maroc accompagné d'une équipe d'acteurs reconnus tel que les françaises Leïla Bekhti, Hafsia Herzi ou l'israélienne Hiam Abbass.

L'histoire s'ouvre sur des femmes portant des sauts d'eau sur les épaules dans la montagne dont une enceinte. Un accident lors de la redescente va provoquer la colère de Leila, une jeune femme, nouvelle au village et marié au jeune instituteur Sami.

Techniquement, le film est assez sobre. Il n'y a aucun effet de caméra ou spéciaux.
C'est filmé à l'épaule en anamorphosé 1.85:1, donc assez banal car si la photo et le repérage ont été travaillé, ce n'est que pour servir le fond et le message.
La forme étant la plus accessible possible car il prône des idées d'universalité et d'ouverture au travers de thèmes clivant et de parité.
Si l’approche des thèmes de parité, de violence et d’extrémisme est louable, le sens donné dans un film donne une impression d’oppression. Car l’exposition de ces thèmes aussi grave est bien évidemment la démarche la plus importante. Et donc un spectateur averti et sensible à ces idées s’en trouvera d’autant plus gêné qu’il va s’interroger sur le rôle qui lui est attribuer en tant que spectateur.
Doit-on être passif et se contenter de commenter des faits qui sont plus ou moins éloignés de notre quotidien ? Doit-on s’élever contre les inégalités ? Est-il lâche de ne pas contribuer à rompre ces inégalités au-delà dans notre cercle social proche ?
Dans mon cas il y a toujours eu une gêne à aborder ces thèmes de manière universel, quand d’un côté ils me paraissent idéaux et reflètent l’intelligence ; mais d’un autre l’histoire démontrent qu’ils ne sont ni naturels, ni universels mais au contraire sont amenés progressivement par l’exposition de ces derniers au travers des arts, de la politique et des mœurs.
Je ne pense pas que l’idée première du réalisateur soit de gêner son public, mais au contraire d’essayer de diffuser des idées, d’autant plus quand il le fait au travers d’une fiction et d’une équipe qui n’est ni forcément maghrébine, ni forcément musulmane et que lui-même est un homme.
Les mauvais esprits critiqueront justement l’écart entre la condition réelle de son réalisateur et le récit qu’il met en images, comme si seuls les astronautes pouvaient avoir un avis sur les voyages spéciaux.
Car il ne faut jamais oublier que tout ceci n’est qu’une fiction et donc un spectacle au travers duquel des idées passent, mais que c’est toujours le spectacle qui est le cœur du cinéma, à moins que l’on décide de faire un documentaire explicitement.
Mais la source des femmes n’est justement pas un documentaire. Et s’il est évidemment compliqué de critiqué les idées prônées par le film, la forme elle ne doit pas exempter de la critique.
Cependant ici le film est agréable, bien que certaines scènes soient très dures c’est un panel d’émotion large qui fait front. Car le principal atout de La Source des Femmes est de ne pas faire dans le larmoyant. Au contraire, les personnages ne s’apitoient pas sur leur sort et tentent tous de s’élever de leur condition.
Je suis par contre plus sensible aux films qui n’attaquent pas de front, et masquent un peu plus leurs idées. Si La source des Femmes ne m’a pas déranger, je préfère des films comme Le Vent se Lève de Miyazaki ou Million Dollar Baby de Clint Eastwood qui abordent des sujets très graves mais plus subtilement. Mais ce n'est qu’une vision subjective des thèmes sociétaux au travers du cinéma.
Surement que certains préféreront l’approche plus direct de Radu Mihaileanu.
Par contre la vive critique du conditionnement des populations est le sujet qui possède le traitement le plus intéressant. Car l’opposant d’une idée n’est pas toujours celui que l’on croit. Les hommes ne sont pas forcément les plus sexistes, les enfants ne sont pas forcément les plus innocents et les hommes de pouvoir ne sont pas toujours les plus corrompus.
Cette approche responsable des problèmes de société et de la difficulté à diffuser des idées modernes renvoi directement à l’exemple le plus sage et le plus intelligent qui ait marqué l’Histoire, celui du combat spirituel de Mohandas Gandhi.
Car la réponse à la bêtise et la violence, les deux découlant souvent l’une de l’autre ne peut être que l’intelligence. La stimulation de l’esprit par la réflexion est le sujet qui me semble le mieux abordé, notamment dans une très belle scène de discussion entre les femmes et l’imam du village.

Autre très belle scène, celle de la confrontation entre Sami et le journaliste venu par amour.
Encore une fois sur un thème abordé en filigrane au travers des lettres secrètes et des desseins secrets, liés à l’amour.
Cinématographiquement, le film n’est pas marquant que ceux cités précédemment par exemple.
Cela reste un film correct et qui incite à agir et réfléchir intelligemment.
Arthur_Kilman
7
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le 7 avr. 2014

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Arthur Bobinna

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